ramena à la maison, où, une fois de plus, j’eus l’échine sérieusement frottée.
Un autre jour, comme j’avais répandu dans le tiroir de son bureau du tabac à priser, il éternua si violemment qu’il fut obligé de quitter la salle, et dut envoyer pour le remplacer son beau-frère, lequel était officier et nous obligea à chanter Dieu sauve le tzar et Ah ! liberté, liberté chérie ! Ceux qui chantaient faux reçurent sur la tête des coups de règle, mais aucun ne s’en plaignit, bien que le claquement du bois sur les crânes fût assez douloureux.
Le professeur d’histoire sainte, un jeune et beau prêtre, à la luxuriante chevelure, ne pouvait pas me sentir parce que je n’avais pas en ma possession l’Histoire sainte de l’Ancien et du Nouveau Testament, et aussi parce que je singeais sa manière de parler.
Quand il arrivait, son premier soin était de me demander :
— Pechkof, as-tu apporté le livre ou non ? Oui, le livre ?
Je répondais :
— Non, je ne l’ai pas apporté. Oui.
— Quoi, oui ?
— Non.
— Eh bien, retourne chez toi. Oui. Chez toi. Car je n’ai pas l’intention de te faire profiter de mon enseignement. Oui, je n’ai pas l’intention.
Le pope avait une belle tête de Christ, des yeux caressants comme ceux d’une femme et de petites mains qui, elles aussi, caressaient tout ce qu’elles touchaient. Que ce fût un livre, une règle, un porte-plume, il prenait les choses avec un geste étonnant