Page:Gorki - Ma Vie d’enfant.djvu/293

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Et posant sur ma tête sa main qui dégageait une odeur de bois de cyprès, il me demanda :

— Pourquoi es-tu un mauvais écolier ?

— C’est ennuyeux d’apprendre ses leçons…

— C’est ennuyeux ? Mais non, mon ami, ce n’est pas vrai. Si l’étude t’ennuyait tu ne retiendrais rien et justement les maîtres affirment que tu apprends avec facilité. Il y a donc une autre raison.

Sortant de son sein un petit carnet, il y inscrivit mon nom.

— Pechkof, Alexis. Bon. Tâche d’être plus sage, mon ami, et de ne pas faire tant de sottises ! En commettre quelques-unes, cela n’est rien ; mais quand on abuse, on fatigue les gens. N’est-il pas vrai, mes enfants ?

Quantité de voix joyeuses approuvèrent :

— Oui, oui !

— Vous autres, vous ne faites pas beaucoup de sottises, n’est-ce pas ?

— Si, beaucoup, beaucoup !

L’évêque, s’appuyant au dossier de la chaise, m’attira à lui et, d’un ton si drôle que tout le monde se mit à rire, même le maître et le pope, nous fit cette déclaration :

— Ah ! mes petits amis, quelle affaire ! Moi aussi, à votre âge, j’étais un grand polisson. Comment cela se fait-il, dites ?

Les enfants riaient ; il les interrogea, les embarrassa avec adresse, en les obligeant à se répondre l’un à l’autre. La gaîté redoublait ; enfin, il se leva et prit congé :