Page:Gorki - Ma Vie d’enfant.djvu/302

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XIII


Je suis de nouveau chez grand-père.

— Ah ! brigand ! s’exclama-t-il quand il me vit, et il frappa sur la table. Eh bien, moi, je ne veux plus te nourrir ; que ta grand’mère s’en charge !

— Certainement ! dit-elle. La belle affaire, vraiment !

— C’est bon, nourris-le ! cria-t-il, et se calmant aussitôt, il m’expliqua : Nous avons tout partagé et nous vivons chacun pour soi…

Assise près de la fenêtre, grand’mère faisait de la dentelle ; les fuseaux cliquetaient avec un bruit joyeux et précipité ; sous le soleil printanier, le coussin brillait comme un hérisson doré, car il était tout constellé d’épingles de laiton. Grand’mère, elle aussi, luisait comme du cuivre ; elle n’avait pas changé. Grand-père était devenu plus sec et plus ridé, ses cheveux roux grisonnaient, et la paisible