Page:Gorki - Ma Vie d’enfant.djvu/46

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méchants. J’ai été très heureuse qu’on ait trouvé Tziganok, j’aime tant les petits enfants. Nous l’avons recueilli et baptisé et il est devenu un brave garçon. Au commencement je l’appelai Hanneton ; il bourdonnait si drôlement qu’il me faisait penser à cet insecte ; oui, tout comme un hanneton, il rampait et bourdonnait partout. Il faut l’aimer, c’est une bonne âme !

J’aimais Tziganok et il me rendait muet d’étonnement.

Le samedi, lorsque grand-père était parti à vêpres après avoir fouetté les enfants qui avaient failli pendant la semaine, on se livrait à la cuisine à des divertissements extraordinaires : Tziganok allait chercher derrière le poêle des blattes noires ; il confectionnait vivement un harnais avec des bouts de fil, découpait un traîneau dans du carton, et bientôt un attelage de quatre coursiers arpentait le plancher jaune et bien raboté. Tziganok dirigeait la marche, au moyen d’un petit bâton et il criait d’une voix excitée.

— Ils vont chercher l’archevêque !

Il possédait aussi des petites souris qui, à son commandement, se dressaient et marchaient sur les pattes de derrière, en traînant après elles leur longue queue et en regardant drôlement de leurs yeux noirs et ronds comme des perles. Tziganok traitait ses élèves avec beaucoup de sollicitude ; il les portait dans sa blouse, leur donnait à croquer des miettes de sucre qu’il tenait entre ses lèvres, les embrassait et déclarait d’un ton convaincu :

— Les souris sont des êtres intelligents et cares-