Nous devons maintenant aborder la question essentielle de notre travail, question que nous avons posée dans notre introduction : Quelle est la valeur de la méthode apologétique des Pensées ? L’apologie doit-elle s’en emparer et s’en inspirer, ou la laisser tomber à jamais dans l’oubli, comme vieillie, forme et fond ? Nous en avons la conviction : cette question de méthode en recouvre une autre bien plus grave, c’est la question de la valeur même et de l’avenir du christianisme dans notre société moderne. En parlant des Pensées, un critique des plus sagaces, et, disons-le, des plus justes, le seul critique négatif et hostile au christianisme, qui les ait bien comprises et jugées du dehors, sans entrer dans leur esprit, nous avons nommé Sainte-Beuve, a dit ceci : « Comme œuvre apologétique, on peut dire que le livre de Pascal a fait son temps ; il n’est plus qu’une preuve extraordinaire de l’âme et du génie de l’homme, un témoignage individuel de sa foi. Pascal y gagne ; mais son but y perd. Est-ce comme cela qu’il l’aurait entendu ? »[1]. Et, cependant,
- ↑ Port-Royal, t. III, p. 334.