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ailleurs il dit : « Mme de La Fayette disait (sans doute en souriant) que c’était un méchant signe pour ceux qui ne goûteraient pas ce livre. Et moi je dirai très sérieusement : si le mode d’argumentation de Pascal n’a pas été plus intelligemment repris et poussé par les apologistes du xviiie siècle, ça été un méchant signe poux eux. Il faut une église qui soit bien en esprit selon saint Paul pour apprécier Pascal comme défenseur »[1]. — Que signifie cette contradiction apparente ? Simplement ceci : Au xviiie siècle, selon Sainte-Beuve, on pouvait encore défendre le christianisme ; aujourd’hui, essayer une apologie, c’est faire une œuvre vaine ; le temps du christianisme est passé. Mais si on pouvait encore le défendre, la meilleure méthode apologétique serait celle des Pensées, parce qu’elle est le plus selon saint Paul.

Eh ! bien, nous qui estimons que la première appréciation du savant critique est fausse au premier chef, nous prenons bonne note de la seconde : le christianisme peut encore se défendre dans ce siècle positiviste ; sa cause même nous parait gagner du terrain ; et on ne saurait mieux le défendre qu’en usant de la méthode de Pascal.

Cette méthode, croyons-nous, peut s’approprier et répondre très efficacement aux conditions et aux nécessités de nos luttes actuelles, et devenir l’inspiratrice d’une forte apologie.

Bien évidemment, nous n’entendons pas réclamer une imitation servile, ni une reproduction littérale. Quiconque part en guerre sans tenir compte des changements que le temps apporte nécessairement s’expose à de terribles

  1. Ibid, t. III, p. 322.