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fait sentir notre insuffisance, que vingt fois nous avons été tenté d’interrompre notre travail ; vingt fois même nous l'avons interrompu, mais vingt fois aussi nous l’avons repris, et nous avons la satisfaction de l’avoir mené à fin sinon à bien.

Nous ne nous flattons pas d’avoir résolu toutes les difficultés, ni même les plus grosses difficultés ; mais nous estimons que c’est beaucoup de les avoir vues toutes nettement et de n’avoir été rebuté par aucune. Nous avons été soutenu par le désir très légitime, quoique trop prétentieux sans nul doute, de rendre quelque service à la cause sainte de l’Evangile dans notre pays, non pas en suppléant à une lacune, mais en signalant simplement un besoin qui nous paraît pressant à l’heure actuelle.

Il nous est impossible de bien juger notre époque, parce que c’est une époque de luttes tumultueuses et que nous sommes au sein de la mêlée : trop de fumée monte du grand champ de bataille et trouble la limpidité de notre azur. Nos petits neveux, au siècle prochain, seront mieux placés que nous pour nous juger et pour juger notre temps : ils sauront assez exactement ce que nous aurons fait et valu par l’héritage moral et matériel que nous leur aurons laissé. Cependant nous pouvons bien Voir d’ores et déjà se dessiner la physionomie générale de notre époque. Ce qui la caractérise et la distingue, c’est à la fois la vivacité et la rigueur méthodique de l’opposition qui est faite au christianisme. Cette opposition n’est plus seulement violente, passionnée comme au siècle dernier, elle est aussi, elle est surtout calme, raisonnée et savante. Le fait est nouveau, et propre, non pas à nous alarmer, mais à nous rendre plus particulièrement vigilants.