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qu’il ne puisse pas s’occuper des actions des hommes, bonnes ou mauvaises, comment s’exercera sa justice éternelle ? Et s’il n’y a pas de justice réparatrice des injustices présentes, si les arrêts rendus ici-bas sont sans appel, que devient la morale ? Ne poussons pas plus loin nos critiques. Deux mots résument et dépeignent le déisme : inconséquence, impuissance.

De la philosophie nous passons à la science. Il est impossible que les grands progrès réalisés dans le domaine des sciences exactes n’exercent pas une influence considérable sur l’apologie, et même ne modifient pas quelques-uns de ses procédés.

En présence de la science, l’attitude de l’apologie ne sera ni la même que vis-à-vis de la philosophie, ni invariablement la même toujours ; car, d’une part, la science n’est pas la philosophie, et, d’autre part, comme il y a plusieurs philosophies, il y a aussi plusieurs sciences, ou pour parler plus exactement, plusieurs procédés scientifiques. — Notre époque est une époque de confusion : les domaines respectifs sont bien peu respectés ; nous avons vu la philosophie entrer en plein dans le champ de la science avec le positivisme contemporain qui est tout autant une méthode d’investigation scientifique qu’une philosophie pure ; nous pouvons voir en revanche la science passer ses frontières, envahir le domaine de la philosophie, perdre par cette invasion son caractère de science pure, pour devenir une spéculation philosophique.

De là deux sciences distinctes : la science pure, positive, désintéressée, et partant incorruptible, qui n’abandonne jamais son domaine des faits sensibles, ni ses mé-