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HISTOIRE DU MOYEN-ÂGE

nistration de ses États qui s’étendaient de l’Elbe en Germanie à l’Èbre en Espagne, de la mer du Nord à la Calabre, et comprenaient les royaumes d’Austrasie, de Neustrie, de Bourgogne, d’Aquitaine, l’exarchat de Ravenne, le duché de Rome, celui de Gothie, les Marches d’Espagne, la Lombardie, la Bavière, la Saxe et les nations tributaires, occupant le pays compris entre l’Elbe et l’Oder, les montagnes de Bohême et les Karpathes le Danube et la Theiss, la Raab et la Save. Malgré le désordre immense contre lequel il lutta énergiquement, sans jamais parvenir à le vaincre, Karl-le-Grand, dans son grand système d’administration monarchique, fit le premier un véritable essai d’organisation gouvernementale. Afin de connaître approximativement l’importance des ressources de l’État, il ordonna de dresser un cadastre de toutes les propriétés territoriales, évaluées d’après le nombre des manses ou manoirs d’une superficie de douze arpents chacun. L’aristocratie franke fut contrainte de participer aux affaires d’intérêt général. Les dons volontaires qu’on faisait jadis au roi furent peu à peu convertis en une sorte d’obligation dont les propriétaires eux-mêmes n’étaient pas exempts. Le service militaire fut imposé à tous les citoyens, suivant l’étendue de leurs propriétés territoriales. Tout possesseur d’au moins trois manoirs fut tenu de marcher en personne ; ceux qui n’en possédaient qu’un ou deux se réunissaient afin que trois manoirs fournissent toujours l’équipement d’un guerrier ; enfin, les possesseurs de biens meubles valant cinq sous d’or se réunissaient au nombre de six pour équiper un d’entre eux. Les ecclésiastiques furent personnellement exemptés de ce recrutement, en 803, à condition toutefois d’envoyer leurs hommes bien armés, et cette exception s’étendit bientôt aux attachés d’un grand nombre d’abbayes. Une surveillance active, mais très-souvent vaine, fut exercée pour empêcher les spoliations continuelles dont les grands, ducs, comtes, évêques, abbés, se rendaient coupables envers les propriétaires de petits alleux. La propriété des alleux étant pleine, héréditaire, perpétuelle, et celle des