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NEUVIÈME SIÈCLE

En repoussant les Northmans des portes de Paris, le fils de Robert-le-Fort s’était imposé à l’opinion de tous comme le seul homme en état de défendre le royaume. Eudes (Oda) fut donc élu roi de France, non-seulement à cause de ses exploits, mais surtout parce qu’il était de race Neustrienne et que la séparation des Franks Gaulois et des Franks Tudesques tendait à devenir irrévocable (888). Quelques seigneurs protestèrent contre l’élection d’Eudes, entre autres le comte Baudoin de Flandre et invitèrent Arnulf, malgré sa naissance illégitime, à prendre possession du trône comme chef de la maison karlovingienne. Le roi de Germanie refusa et se contenta de faire reconnaître sa suprématie. Il reçut ainsi l’hommage d’Eudes, du roi d’Italie Bérenger, du roi de Bourgogne transjurane, Rodolphe (Hroththwlf) Welf, et du roi d’Arles, Louis, fils de Boson. Appelé par Bérenger contre son compétiteur Gui de Spolète qui s’était proclamé roi d’Italie et empereur (896), Arnulf prit ces deux couronnes pour la forme, car son autorité ne fut sérieusement établie que dans la Germanie, dont il défendit victorieusement les frontières. Il chassa les pirates Scandinaves des bords de la Dyle, repoussa les Slaves, fit anéantir les Moraves par les Hongrois qui commencèrent dès lors à harceler l’Europe (897). Deux ans après, ces Barbares, à peine descendus des Karpathes, soumirent les plaines de la Theiss et du moyen Danube, franchirent les portes de l’Italie en jetant la terreur dans la Carinthie et le Frioul. En l’an 901, ils imposaient un tribut à Louis l’Enfant, fils et successeur d’Arnulf, mort l’année précédente.

Pendant ce temps, le nouveau roi de France se consolidait par les armes, délivrant une seconde fois Paris des attaques des Northmans, qui perdirent dix-neuf mille hommes à la journée de Montfaucon. Il voulut alors soumettre l’Aquitaine et passa la Loire. Il s’empara du comté de Poitiers, dont il donna l’investiture à son frère Robert, battit Ebles et Gorbert qui commandaient les Aquitains, et donna le duché d’Aquitaine à Guillaume-le-Pieux, comte d’Auvergne (892).