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DIXIÈME SIÈCLE

le comte Adalbert de Périgord, à qui Hugues adressa un héraut d’armes avec cette parole : Qui t’a fait comte ? lui fit répondre : Qui t’a fait roi ? La puissance du roi et celle du comte avaient en effet la même origine ; la légitimité du suzerain était aussi contestable que celle du vassal et le nouvel élu dut se faire accepter par l’habileté plutôt que par la violence, en se conciliant l’appui de l’Église, source de toute puissance morale à cette époque.

Hugues Capet mourut en 996, laissant le trône à son fils, qui lui succéda sans difficulté. Robert, prince pieux, charitable, savant pour son siècle, auteur d’hymnes que chante encore l’Église (Veni, Sancte Spiritus !), régna avec le concours des clercs. Il épousa Berthe, veuve du comte de Blois, qui était sa cousine au quatrième degré. Dès qu’on connut à Rome cette union accomplie sans dispense, le pape ordonna la séparation des époux, suspendit l’archevêque de Tours qui avait consacré le mariage, et condamna Robert à sept années de pénitence. Robert opposa une longue résistance et fut le premier des rois de France qu’atteignit la foudre romaine (998). Il céda enfin aux anathèmes du Saint Siége et épousa en secondes noces Constance, fille de Guillaume, comte de Toulouse ou de Provence (999).

Le pape Grégoire V, qui venait d’excommunier le prince Capétien, avait, deux ans auparavant, sacré empereur le Germain Otton III, appelé en Italie par une nouvelle sédition. Dès qu’Otton eut repris le chemin, de ses États, le tribun Crescentius déposa Grégoire V et nomma à sa place le Grec Philagatho, évêque de Plaisance, sous le nom de Jean XVI. L’empereur revint, se saisit de l’antipape, qui fut odieusement mutilé, et rétablit Grégoire V. Quant à Crescentius, qui s’était réfugié dans le château Saint-Ange, où on l’assiégeait vainement, Otton lui promit la vie sauve s’il se rendait, et le fit pendre à un gibet de soixante-dix pieds de haut (998).

Le pape Grégoire étant mort, le 11 février 999, l’empereur fit monter sur le trône pontifical, sous le nom de