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HISTOIRE DU MOYEN-ÂGE


ONZIÈME SIÈCLE.



Les seigneurs féodaux avaient favorisé l’élévation de la famille capétienne, dans la crainte qu’un chef karlovingien, belliqueux et entreprenant, ne parvînt un jour à restituer à la royauté ses prérogatives et sa puissance. Ils avaient voulu fonder un gouvernement aristocratique dont le souverain, sans cesse contenu par ses pairs, ne fût en réalité que le chef honoraire d’une fédération d’États. Une aristocratie laïque et religieuse, composée des vassaux et de leurs serfs, une royauté isolée, autour de laquelle il n’y avait point encore de peuple, tel était, sous les premiers successeurs de Hugues Capet, l’état de la nation française.

« Nous avons vu Robert, dit la chronique d’Anjou, régner dans la dernière inertie, et nous voyons aujourd’hui son fils Henri, le roitelet, ne pas dégénérer de la paresse paternelle. » L’auteur anonyme de la chronique d’Anjou, qui portait ce jugement dédaigneux, regrettait l’empire de Karl-le-Grand et sa majestueuse unité. L’archevêque de Bourges, Helgaud, et l’évêque de Laon, Adalbéron, ont jugé moins sévèrement les premiers capétiens. Réconcilié avec l’Église, Robert continua de régner sagement et de montrer cette douceur de mœurs, cette bonté charitable, qui rendirent le pouvoir royal pour longtemps populaire. Il hérita de la Bourgogne à la mort de son oncle (1002) et dut lutter plu-