Page:Gosset - Histoire du Moyen-Âge, 1876.djvu/180

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
172
HISTOIRE DU MOYEN-ÂGE

de France. Effrayé des dangers de l’entreprise, Robert refusa et se contenta de laisser paisiblement son royaume à son fils Henri Ier (1031). Sous ce règne, une famine générale fit dans les Gaules de si épouvantables ravages, qu’on vit en plusieurs contrées les hommes se dévorer les uns les autres.

« Il semblait, dit le moine Raoul Glaber, que ce fût un usage désormais consacré que de se nourrir de chair humaine. Un scélérat osa en porter au marché de Tournus pour la vendre cuite, comme celle des animaux. Il fut arrêté et ne chercha pas à nier son crime ; on le garotta, on le jeta dans les flammes. Un autre alla dérober, pendant la nuit, cette chair qu’on avait enfouie dans la terre ; il la mangea et fut brûlé de même. »

Au milieu de ces fléaux, les seigneurs ne cessaient de se livrer à leurs guerres particulières, conséquence forcée de l’organisation féodale : l’Église publia, en 1035, la Paix de Dieu, avec menace d’excommunication contre ceux qui la violeraient. Cette mesure ayant multiplié les parjures sans arrêter les guerres privées, les conciles décrétèrent une Trêve de Dieu : toute effusion de sang fut interdite depuis le coucher du soleil, le mercredi soir, jusqu’à son lever, le lundi matin, ainsi que les jours de fête ou de jeûne. La protection de la Trêve fut étendue aux clercs, aux moines, aux paysans, aux troupeaux, aux instruments de labourage (1040).

Konrad le Salique introduisit cette loi dans ses États et parvint à refréner l’indocilité de ses grands vassaux. Il fit condamner à mort, comme perturbateur de la paix publique, le duc de Souabe, qui élevait des prétentions à la succession de la Bourgogne Helvétique, et il réunit à l’Empire germanique toute la vallée du Rhône, la Franche-Comté et la Suisse, en vertu d’une convention signée, de son vivant, par le vieux roi d’Arles, Rodolphe III (1033). Il imposa sa suzeraineté à Miecislas de Pologne, et, par la cession de la Marche du Sleswig, conclut la paix avec le roi de Danemark, Kanut-le-Grand. Il mit un terme aux entreprises des Lutiges, au nord de l’Elbe, et acheva la soumission des frontières orientales. Il passa