une vache. Il ordonna à ses fidèles de le lever, de le revêtir de ses armes, et il expira silencieusement, debout dans son armure (1054).
Il restait encore à la cause saxonne un vaillant défenseur, Harold ou Harald, fils aîné de Godwin, qui, maître de l’immense héritage de son père, avait en mains les gouvernements de Wessex, de Sussex, d’Essex et de Kent. Quelques victoires sur les Gallois avaient tellement accru sa popularité qu’Edward, privé d’héritiers directs, finit par le considérer comme son successeur au trône.
Edward n’ayant plus aucun motif de garder les otages confiés à la cour de Normandie, Harold, leur frère et leur oncle, résolut d’aller en personne les réclamer. Un naufrage le jeta sur les terres du comte de Ponthieu qui le livra au duc de Normandie. Guillaume lui fit à Rouen une réception magnifique, lui concéda avec empressement la liberté des otages, et ne lui demanda que de rester quelques jours en Normandie avec ses compagnons. Il l’invita à le suivre dans une expédition qu’il entreprenait contre ses voisins de Bretagne. Harold y consentit et rendit de tels services dans cette campagne que le duc voulut lui donner sa fille en mariage. Pendant cette expédition, Guillaume raconta un jour qu’Edward, à l’époque de son exil, lui avait promis, s’il devenait roi d’Angleterre, de le choisir pour héritier. Le rusé Normand comptait sur l’appui du Saxon pour s’emparer du trône. Harold comprit que le Bâtard n’était point d’humeur à subir patiemment un refus et promit vaguement. Mais, dans une assemblée convoquée à Bayeux, Guillaume, ayant fait apporter un missel, l’ouvrit à l’endroit de l’Évangile et dit au Saxon : « Harold, je te requiers de confirmer par serment les promesses que tu m’as faites : de m’aider à obtenir le royaume d’Angleterre après la mort du roi Edward ; d’épouser ma fille Adèle et de m’envoyer ta sœur pour que je la marie à l’un des miens. »
Le fils de Godwin jura sur le missel. Aussitôt on enlève le livre et on soulève un drap au-dessous duquel