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ONZIÈME SIÈCLE

à Saint-Jean-de-Latran et là en présence des prélats, du peuple et de la comtesse Mathilde, il se justifia par serment des accusations portées contre lui et fulmina une excommunication contre les prélats rebelles d’Allemagne et de Lombardie et contre l’Empereur. Il déclara celui-ci déchu de la dignité impériale et, pour la première fois, délia ses sujets du serment de fidélité. L’état des esprits en Germanie favorisa l’exécution de cette sentence. Les ducs de Souabe, de Bavière, de Carinthie et les princes saxons formèrent une ligue formidable. Au mois d’octobre 1076, la diète de Tribur força Henry à cesser ses fonctions impériales ; à rompre avec les excommuniés et à se retirer à Spire ; il dut s’engager à renoncer au trône, si les anathèmes de Rome n’étaient pas révoqués dans l’année.

Henry s’humilia et, suivi de sa femme et de son enfant âgé de deux ans, franchit les Alpes au milieu de l’hiver. Le pape résidait alors dans le château de Canossa, chez la grande comtesse Mathilde, maîtresse des marquisats de Toscane, de Spolète, d’une partie des Marches, de la Lombardie, de Parme, de Plaisance, et toute dévouée au Saint-Siége.

L’Empereur désarmé, nu-pieds dans la neige, vêtu d’une robe de bure, attendit trois jours dans la cour du château, criant en vain miséricorde. Le quatrième jour, l’inflexible pontife jure sur l’hostie consacrée qu’il est innocent des crimes qu’on lui a imputés, adjure l’Empereur épouvanté de prêter le même serment et, après l’avoir accablé par ce dernier coup, lui accorde une absolution conditionnelle ; son rétablissement sur le trône d’Allemagne fut laissé au jugement de la diète d’Augsbourg (1077).

Henry IV, à peine relevé de l’excommunication, trouva des partisans en Lombardie, et surtout dans les communes des villes libres, pour combattre les seigneurs de Germanie qui venaient d’élire empereur Rodolphe de Souabe. Ce ne fut cependant qu’après deux victoires remportées par les dissidents, en 1078, près de Melrichstadt et, en 1080, près de Mulhouse, que le pape recon-