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HISTOIRE DU MOYEN-ÂGE

Les Berbères, chassés du palais, s’étaient mis en pleine révolte, et leur chef, Solyman-ben-O’qbâb, vainqueur des troupes du khalyfe, avait emporté d’assaut la grande cité de Cordoue où il avait pris en main le gouvernement suprême (1012). L’arrivée d’Aly-Ben-Hamoud, wali de Ceuta en Afrique, renversa l’usurpateur. Après la mort du wali, le khalifat fut successivement disputé par Al-Qasêm et Yahia, frère et fils d’Aly, par un autre Muhamed et par deux Abd-el-Rahhman qui périrent successivement de mort violente. Enfin le Divan porta ses suffrages sur l’Ommyade Heschâm qui, heureux de vivre ignoré dans un château de la Castille, n’accepta qu’à contre-cœur cette couronne si disputée (1026).

Les walis, profitant de ces troubles pour augmenter leur indépendance, avaient rompu de tous côtés la chaîne hiérarchique. Le nouveau khalife essaya de les ramener à l’obéissance, un peu par les armes et beaucoup par la persuasion. L’insuccès de sa politique donna lieu à des mécontentements séditieux, et le peuple finit par demander sa déposition. Heschâm III descendit avec joie du trône, quitta immédiatement le palais avec sa famille et regagna la retraite qu’il avait abandonnée à regret (1031). Dernier descendant des Ommyades, en lui s’éteignit cette dynastie qui régnait sur l’Espagne depuis près de trois siècles. Le Divan lui donna pour successeur un homme d’une vertu rigide, le Wazir Gehwar-ben-Mohammed, qui commença par former, avec les principaux Cordouans, une sorte de conseil de gouvernement dont il ne se réserva que la présidence. Par ce partage de l’autorité suprême il réussit promptement à rétablir la tranquillité publique et à rendre un certain éclat au khalyfat ébranlé. Gehwar réduisit toutes les défenses du palais, chassa les valets de cour, supprima le faste royal, bannit les délateurs des tribunaux, institua des magistrats chargés de juger gratuitement les procès civils, décréta les meilleures mesures d’intérêt commercial et confia aux citoyens eux-mêmes la police intérieure des villes. Les espérances de paix et de prospérité qu’engendraient ces sages dispositions furent détruites par l’insubordina-