Aller au contenu

Page:Gosset - Histoire du Moyen-Âge, 1876.djvu/223

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
215
DOUZIÈME SIÈCLE

qu’ils doivent attendre s’ils insultent le roi d’Angleterre. » Pendant le supplice, le poëte, s’échappant des mains des bourreaux, parvint à se briser le crâne contre une muraille. L’évêque de Lincoln, Bloët, apprenant que Henri avait parlé de lui avec estime, s’écria aussitôt : « Je suis perdu, jamais le roi n’a loué un homme qu’il n’ait eu l’intention de s’en défaire. » Cette opinion fut justifiée par l’événement.

Le trône d’Angleterre, qui semblait acquis à l’ex-impératrice Mathilde jusqu’à la majorité de son fils Henri, fut usurpé par Étienne de Blois, comte de Boulogne, neveu du feu roi, auquel il devait tout et qui avait juré de protéger l’Empresse, titre, qu’en langage du temps, on donnait à Mathilde. Cette usurpation fut le signal d’une conflagration générale. David, roi d’Écosse, appuyé sur les Saxons et les Gallois, passa la Twed pour soutenir la cause de sa nièce. Pour la première fois les Normands et les Écossais se heurtèrent près d’Allerton, à la bataille de l’Étendard, le 22 août 1138. Les Highlanders, les guerriers de Galloway, des basses-terres et des îles, armés de longues piques effilées, du petit bouclier de bois recouvert de cuir et de la claymore, ou brandissant la hache des anciens Scandinaves, commencèrent l’attaque au cri de « Alban, Alban ! » poussé par toutes les tribus gaëliques des hautes-terres. « Ils crevèrent les rangs ennemis, dit Brompton, comme une toile d’araignée. » Cependant la cavalerie normande repoussa cette charge terrible, et les archers anglais firent pleuvoir leurs volées de flèches. Après une effroyable lutte corps à corps de deux heures, les Écossais, ayant perdu douze mille des leurs, durent céder le terrain. Ils se retirèrent, et, l’année suivante, un traité de paix laissa en leur pouvoir les provinces du Cumberland, du Westmoreland et le comté de Northumberland.

La guerre continua avec les partisans de Mathilde dont la cause fut embrassée par les barons normands du Nord et de l’Ouest. D’une extrémité du royaume à l’autre le sang coula par torrents. L’incendie dévora partout les villes, les bourgs, les châteaux, les monastères et