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HISTOIRE DU MOYEN-ÂGE

les églises. La chronique saxonne ajoute : « Les Normands emmenaient tous ceux, hommes ou femmes, qu’ils supposaient posséder quelque chose, et les soumettaient à d’horribles tortures pour les forcer à donner leur or. Les uns, suspendus par les jarrets, avaient la tête plongée dans une fumée épaisse ; d’autres étaient pendus par les pouces avec un brasier ardent sous les pieds ; on serrait la tête des récalcitrants avec une courroie jusqu’au point de faire éclater le crâne ; quelques-uns étaient mis dans une chambre à crucie, espèce de coffre court, étroit, garni de pierres tranchantes, et où les patients étaient tenus serrés jusqu’à dislocation des membres. » — (1141.)

Étienne remporta d’abord de grands avantages ; il fut pris quelque temps après, à Lincoln, 1141, et bientôt délivré par ses partisans. L’Empresse, qui était déjà installée à Londres, eut à peine le temps de se sauver. La mort prématurée du seul fils de l’usurpateur (1153) eut pour résultat un traité de paix : il fut stipulé qu’Étienne conserverait la couronne jusqu’à la fin de ses jours et aurait pour successeur Henri d’Anjou, fils de Mathilde et de Geoffroy Plantagenet (1154). L’année suivante Étienne mourut à Douvres.

Dès le début de cette sanglante lutte, le roi de France, Louis VII dit le Jeune, successeur de Louis-le-Gros (1137), avait aidé le comte d’Anjou à conquérir la Normandie, s’assurant ainsi l’hommage et la fidélité de Geoffroy. Sa domination s’étendait à cette époque sur une grande partie de la France méridionale : par son mariage avec Éléonore, il avait ajouté au domaine royal, jusqu’alors si restreint, l’Aquitaine, le Poitou, le Limousin, le Bordelais, l’Agénois, l’ancien duché de Gascogne et la suzeraineté sur l’Auvergne, le Périgord, la Marche, la Saintonge et l’Angoumois. Maître d’un puissant royaume, Louis le Jeune était, dès son avènement, très-décidé à faire respecter son autorité par les grands vassaux. Il punit les brigandages du sire de Montjoy, réprima les seigneurs du pays d’Aunis, confirma les chartes accordées par son père à Orléans, Étampes,