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Page:Gosset - Histoire du Moyen-Âge, 1876.djvu/225

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DOUZIÈME SIÈCLE

Beauvais, et en octroya lui-même à vingt-trois autres villes. La nomination d’un évêque de Bourges le jeta dans un conflit assez grave avec le Saint-Siége qui l’excommunia. En guerroyant contre le comte de Champagne qui tenait pour le pape Innocent II, Louis laissa brûler l’église de Vitry où périrent dans les flammes treize cents malheureux qui s’y étaient réfugiés. Les remords le décidèrent à demander au Pape son absolution. Il l’obtint de Célestin II, successeur d’Innocent (1144).

Un désastre éprouvé par les chrétiens d’Orient attirait alors l’attention de l’Europe vers le petit royaume de Jérusalem qui, depuis la fin du règne de Baudouin II (1118-1131), était en pleine décadence.

Dans le cours de l’année 1144, les Atabeks, qui dominaient à Mossoul et à Damas, prirent d’assaut la ville d’Édesse, dont ils massacrèrent la population. La papauté s’émut du danger que courait la ville sainte, et l’abbé de Clairvaux se fit le prédicateur d’une nouvelle croisade. Elle fut résolue dans la cour plénière de Vézelay (comté de Nevers), le 31 mars 1146. Louis le Jeune et la reine Éléonore prirent la croix, ainsi qu’une grande partie de la noblesse de France. L’enthousiasme des populations fut moins général qu’en 1095, et les impôts établis pour faire face aux frais de l’expédition excitèrent des murmures et des révoltes ; les bourgeois de Sens, mutinés, tuèrent un de leurs seigneurs, l’abbé de Saint-Pierre le Vif. Malgré les conseils de son ministre Suger et ces résistances populaires, Louis poursuivit ses préparatifs de départ, stimulé par sa femme, Éléonore de Guyenne.

De la Gaule, saint Bernard, que le pape Eugène III avait nommé son légat, passa en Germanie pour continuer sa propagande. Il poursuivit de ses instances, à Francfort, à Constance, à Spire, le nouvel empereur Konrad III qui avait succédé à Lother en 1138.

Konrad de Hohenstaufen, seigneur de Weiblingen, avait été élu contre Henry-le-Superbe, chef de la maison des Welfs, par l’assemblée des princes qu’effrayait la puissance de ce dernier. Pressé d’affaiblir un tel adver-