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Page:Gosset - Histoire du Moyen-Âge, 1876.djvu/243

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DOUZIÈME SIÈCLE

Ptolémaïs, défendue avec une énergie surhumaine, capitula par épuisement, après un siége de plus de deux ans, pendant lequel neuf grandes batailles avaient été livrées sous ses murs. Richard, qui chevauchait avec une guirlande de têtes sarrasines au poitrail de son cheval, ordonna le massacre de tous ses prisonniers ; deux mille sept cents furent égorgés le premier jour.

Dès la reddition de Saint-Jean-d’Acre, Philippe-Auguste se prépara au retour. Il jura de ne tenter aucune entreprise sur les domaines du roi d’Angleterre, et s’embarqua à Tyr avec sa suite, laissant au duc de Bourgogne dix mille fantassins et cinq cents chevaliers pour la défense de la Terre-Sainte. Il passa par Rome dans l’espoir de se faire délier de son serment par le pape Célestin III, et rentra à Paris le 27 décembre 1191.

Richard, resté seul en Palestine, se couvrit de gloire dans d’innombrables combats, où il déploya les qualités extraordinaires de force, d’adresse, d’intrépidité, qui faisaient de lui le héros de tous les tournois. Il trouva un digne adversaire dans le sultan Salâh-Ed-Din, guerrier chevaleresque, qui, pendant les trêves, envoyait aux princes chrétiens des fruits de Damas et des présents de toute espèce. Les places de Césarée, d’Ascalon, de Joppa tombèrent au pouvoir des croisés, et Richard continuait la série de ses brillantes prouesses, lorsque la nouvelle des complots tramés par son frère Jean-sans-Terre, le rappela en Angleterre. Il signa une trêve de trois ans avec Salâh-Ed-Din, qui resta maître de la Palestine, à l’exception des villes maritimes, depuis Tyr jusqu’à Jaffa, et permit aux pèlerins l’entrée de Jérusalem. L’île de Chypre, conquise sur un prince chrétien, et donnée en dédommagement à Guy de Lusignan, fut le seul fruit de la troisième croisade.

Richard quitta la Terre-Sainte sur un frêle vaisseau, suivi d’une vingtaine de compagnons. Il fut jeté par la tempête sur les côtes de Dalmatie et voulut continuer son voyage déguisé en pèlerin. Reconnu aux environs de Vienne, il fut arrêté par ordre de Léopold, duc d’Autriche, dont il avait fait jeter la bannière dans les fossés