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Page:Gosset - Histoire du Moyen-Âge, 1876.djvu/246

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HISTOIRE DU MOYEN-ÂGE

La couronne d’Angleterre, qui appartenait au jeune Arthur, duc de Bretagne, fut usurpée par le comte de Mortagne, Jean-sans-Terre. L’héritier dépossédé dut s’enfuir auprès du roi de France dont il réclama la protection. Philippe-Auguste saisit avec joie cette occasion d’imposer sa juridiction féodale au plus redoutable de ses vassaux. Il l’accusa de s’être mis en possession de ses domaines sans avoir préalablement reçu l’investiture de son suzerain. Les hostilités éclatèrent avec fureur. Néanmoins, grâce à l’intervention du légat romain, elles furent promptement suspendues et terminées par un traité de paix (1200). Philippe-Auguste, sans souci des intérêts d’Arthur, reconnut Jean-sans-Terre, dès qu’il eut obtenu la cession d’Évreux et de plusieurs fiefs considérables qui formèrent la dot de sa belle-fille, Blanche de Castille, nièce du roi d’Angleterre.

Philippe avait accepté momentanément la paix pour faire face aux difficultés que le Saint-Siége lui suscitait au sujet de son divorce avec Ingeburge de Danemark et de son mariage avec Agnès, fille de Berthold IV, duc de Méranie.

Sous le pontificat de Célestin, il était parvenu à endormir les scrupules de l’Église ; mais, à l’avénement d’Innocent III, héritier hautain des prétentions absolues d’Hildebrand, les foudres apostoliques ne tardèrent pas à éclater. Philippe tenta de résister, chassa de leurs siéges les prélats qui avaient confirmé l’excommunication, bannit une multitude de clercs, de chanoines, de curés, et confisqua leurs biens au profit du trésor royal. L’évêque de Paris dut s’éloigner à pied de la capitale. Mais l’interdit n’en pesait pas moins sur tout le royaume. Il n’y avait plus ni baptême, ni mariage, ni enterrement. Les cadavres restaient dans les maisons, dans les rues et sur les routes. Au bout de huit mois. Philippe céda. Il reprit Ingeburge, renvoya Agnès de Méranie qui mourut bientôt de chagrin, et le légat du Saint-Père leva l’interdit le 28 septembre 1200.

Tandis que les Croisés luttaient contre les royaumes islamites d’Asie, les rois chrétiens d’Espagne poursui-