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DOUZIÈME SIÈCLE

vaient la lutte qu’ils avaient engagée contre les musulmans de Cordoue et d’Afrique. Battus sous les murs d’Uclès en 1108, à la bataille des sept Comtes, les Espagnols résistèrent victorieusement dans Tolède que défendait un vieux compagnon du Cid, Alvar Fañez (1110-1114). Peu après, Alphonse le Batailleur vainquit une armée d’Almorravides, s’empara de Sarragosse, transporta sa cour dans cette ville importante, soumit le reste de la province et se trouva maître de tout l’Aragon (1115-1120). Le puissant émyr de Maroc, Aly, fils et successeur du grand Yousef, amena des troupes pour défendre Cordoue, mais il dut retourner promptement en Afrique où les populations s’agitaient à la parole d’un Berber inspiré, Muhamad-ben-Abdallah, qui prenait le titre de Mahdy, ou prophète. De même que le fondateur de l’empire des Almorravides, le nouvel envoyé d’Allah descendit tout à coup des montagnes à la tête d’une troupe de sauvages fanatiques (1121). Trois corps d’armée, sous le commandement du frère d’Aly, furent exterminés par le Mahdy qui donna à ses soldats le nom d’Almohades (unitaires). Établis dès lors sur le revers des montagnes de Daren, où ils bâtirent, au sommet d’un roc inexpugnable, la ville de Tinmâl, les Almohades se levèrent, au bout de trois ans, au nombre de trente mille, et se dirigèrent vers Maroc. Cette fois ils furent repoussés (1125). Ayant rallié en peu d’années une foule de nouveaux prosélytes, ils recommencèrent la lutte sous la direction d’Abd-el-Moumen. À la suite de plusieurs défaites, l’émyr Taschfyn périt dans le fort de Ouahran (Oran). L’empire entier du Maghreb tomba au pouvoir des Berbères victorieux qui s’établirent en maîtres à Telemen, Fez, Salé, Tanger et Ceuta (1147). L’année suivante, les Almohades entrèrent de vive force dans Maroc dont toute la population fut exterminée.

Cette longue guerre, qui concentra en Afrique tous les efforts des musulmans, ouvrit aux attaques des chrétiens les provinces d’Espagne, affaiblies par les combats incessants que livraient aux Almorravides les anciens Arabes toujours impatients du joug africain. Tandis que le