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Page:Gosset - Histoire du Moyen-Âge, 1876.djvu/255

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TREIZIÈME SIÈCLE

féodaux. Les Vénitiens, déjà maîtres de Rhodes, de Scio, de Mitylène, de Samos, exigèrent pour leur part trois des huit quartiers de Constantinople, plusieurs des îles de l’archipel, les côtes du Bosphore et de la Propontide, et s’intitulèrent Seigneurs d’un quart et demi de l’empire grec. Le sénéchal de Champagne, Geoffroy de Villehardouin, l’historien de cette croisade, reçut le titre de maréchal de Romanie. Ainsi fut fondé l’empire Latin de Constantinople, qui dura cinquante-sept ans (1204-1261.)

Quelques années après il y eut une nouvelle tentative d’expédition en Terre-Sainte. Quelques prêtres du nord de l’Europe eurent le courage de prêcher une croisade d’enfants. « C’est à des mains innocentes, dirent-ils, c’est aux plus faibles de ses créatures que Dieu a réservé la miraculeuse conquête des Saints-Lieux, conquête refusée aux hommes puissants et forts, que leurs péchés ont rendus indignes de cette gloire. »

En Germanie, vingt mille petits croisés quittèrent le foyer paternel et périrent en route de faim, de soif, de fatigue dans les bois et par les chemins déserts. De Gaule il en partit plus de trente mille, sous la conduite de quelques clercs. Ils se réunirent à Marseille, où on les confia à des marchands qui s’engageaient à les transporter en Palestine. Des sept vaisseaux qui les emportèrent, deux furent engloutis par une tempête ; les cinq autres débarquèrent en Égypte, où les croisés furent, dit-on, vendus comme esclaves aux Musulmans.

Cette expédition peu connue, passa presque inaperçue : une croisade plus terrible, plus féconde en incidents dramatiques, plus triste aussi par l’exaltation de tous les fanatismes, commençait alors et tenait attentive toute la chrétienté.

Il existait dans le midi de la France de nombreuses sectes religieuses qui, sans répudier ouvertement le christianisme, professaient des principes peu conformes à l’orthodoxie romaine. La nécessité de profondes réformes était depuis longtemps proclamée, et plusieurs novateurs avaient déjà paru dans le siècle précédent, Pierre