Valdo, Pierre de Bruys, Henry de Bruys et d’autres. Les sectes s’étaient rapidement multipliées, adoptant des doctrines plus ou moins imprégnées d’arianisme, de manichéisme ou d’opinions nouvelles. Mosaïstes, iconoclastes, ariens, manichéens nommés patarins, kathares, vaudois, arnaudistes et albigeois couvraient la Gaule méridionale. Les Vaudois proprement dits, répandus dans le Lyonnais, le Dauphiné, la Provence, croyaient que la pauvreté évangélique était nécessaire au salut, et faisaient dépendre la validité des sacrements de la sainteté du ministre. Ils attribuaient le ministère sacré aux laïques dont la vie était pure, et soutenaient que l’Église avait cessé d’être unie à Jésus-Christ, du jour où elle avait possédé des biens terrestres. Ils proscrivaient aussi le culte des saints et des images, le serment en justice, la guerre et la peine de mort, les prières pour les âmes du purgatoire, la loi du jeûne, la confession auriculaire et toutes les cérémonies sacerdotales.
Les Albigeois, ainsi nommés parce qu’Albi était leur centre, occupaient plus particulièrement le Languedoc et dominaient à Béziers, à Carcassone, à Toulouse, villes puissantes, industrieuses, surtout la dernière, et dont la civilisation était brillante, comparée à l’état du reste de la France. Leurs croyances se rattachaient au manichéisme primitif qu’ils avaient pourtant modifié. Ainsi, ils admettaient que Dieu avait produit le mauvais principe, Lucifer, qui n’était, il est vrai, devenu tel qu’après sa révolte. Dieu avait alors créé Jésus-Christ, pour combattre Lucifer, et la lutte entre eux devait être éternelle. Ce monde étant l’œuvre du mauvais principe, et les âmes étant des démons enfermés dans les corps, ils niaient la résurrection de la chair et condamnaient le mariage. Saint Bernard lui-même, bien qu’il eût peu réussi dans ces contrées, rendit justice aux Albigeois : « Leurs mœurs sont irréprochables ; ils ne font de mal à personne, ils ne mangent pas leur pain comme des paresseux et professent que l’homme doit vivre uniquement par le travail. »
Le comte de Toulouse, Raymond VI, et son neveu,