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Page:Gosset - Histoire du Moyen-Âge, 1876.djvu/293

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TREIZIÈME SIÈCLE

à droite, ni à gauche ; mais aide et soutiens la querelle du pauvre jusqu’à ce que la vérité soit éclaircie. »

Le 25 août 1270, saint Louis expira, âgé de cinquante six ans, en murmurant : « Ô Jérusalem, Jérusalem ! » Philippe III, surnommé le Hardi, sans motif connu, reçut auprès du lit de son père, son oncle Charles d’Anjou qui arrivait avec des troupes levées en Sicile. Dans l’état de démoralisation où se trouvaient les croisés, le frère de Saint Louis, sourdement accusé d’avoir dirigé l’expédition sur Tunis dans son seul intérêt, comprit que la retraite ne devenait possible que par une victoire. Il attaqua le sultan Mohammed Mostanzer Billah, battit les Maures, les poursuivit jusqu’aux pieds des montagnes et conclut la paix, moyennant la reddition de tous les captifs et le payement des frais de la guerre évalués à deux cent mille onces d’or. L’armée des croisés revint en Europe, réduite de moitié. Elle perdit encore quatre ou cinq mille hommes dans une tempête qui engloutit une partie des vaisseaux, avec le riche tribut payé par le sultan de Tunis. Ainsi se termina la huitième et dernière croisade.

Philippe III rentra en France, suivi de cinq cercueils, ceux de son père, de sa femme, de son fils, de son frère, le comte de Nevers et de son beau-frère, le roi de Navarre, Thibaut II. Il hérita de leurs dépouilles, et, par la mort de son oncle Alphonse, réunit à la couronne le comté de Toulouse et le Rouergue. Sur les instances du pape Grégoire X, le Comtat-Venaissin devint l’apanage du Saint-Siège (1273) avec la moitié d’Avignon. Philippe s’empara de quelques domaines du comte de Foix, qui s’était révolté et qui fut contraint de se soumettre. Il maria son fils aîné, plus tard Philippe IV, avec l’héritière du roi de Navarre, préparant ainsi la réunion de ce royaume à la couronne, et prit immédiatement possession de la Champagne et de la Brie (1276). Il entreprit alors une campagne en Catalogne contre le roi d’Aragon, Pierre III, qui disputait la Sicile à Charles d’Anjou.

Ce dernier, depuis son retour de la croisade, n’avait cessé d’accabler ses sujets sous une impitoyable tyrannie.