les régions lombardes, les républiques démocratiques dans la Toscane ou les républiques aristocratiques, comme à Venise, qui compléta sa constitution en 1297, et réserva aux familles patriciennes alors en charge, le droit de recruter le grand Conseil. Cette restriction fut sanctionnée, ultérieurement par l’inscription au Livre d’Or et par l’institution du Conseil des Dix. La ville de Milan, où le pouvoir appartenait à la maison della Torre, passa en 1277 sous la domination de Matteo Visconti. Les Bonacossi régnaient à Mantoue depuis 1275, les Polenta à Ravenne, les Scala à Vérone, les Montefeltri à Urbin, les Malatesta à Rimini. Les Orsini et les Colonna se partageaient la campagne de Rome. Restées libres, au milieu des ébranlements de la Péninsule, Venise, Gênes, Pise, Florence étaient devenues des États puissants : elles s’empressèrent de se déchirer à tour de rôle, soit par passion politique, soit par intérêt maritime et commercial. En bannissant complètement la noblesse de ses murs, Florence éleva en 1282, les Arts mineurs c’est-à-dire les métiers de forgerons, laveurs, maçons, teinturiers, cardeurs, etc., au même rang que les Arts majeurs, qui comprenaient les professions bourgeoises, de négociants, banquiers, magistrats, médecins, boutiquiers. etc. Un Conseil exécutif ou Seigneurie fut composé des prieurs de tous les arts, et les nobles furent déclarés inadmissibles aux emplois publics, à moins de se désennoblir. On vit alors les seigneurs déchirer eux-mêmes leurs titres, changer leurs noms et solliciter une inscription sur les registres de quelque corps d’état. Ce fut une faveur pour eux d’obtenir légalement leur propre dégradation, et les communes se montrèrent d’abord très-avares d’admissions, car les nobles spéculaient sur cette ostentation de roture pour ressaisir le pouvoir public.
À peine l’aristocratie fut-elle vaincue que la bourgeoisie se déchaîna contre les classes pauvres et que la lutte commença entre le peuple gras et le peuple maigre. La classe parvenue des popolani grassi s’unit à la noblesse par des mariages et travailla à l’anéantissement