Il commença par exiger l’hommage lige de tous les souverains qui relevaient du Saint-Siége ; prétendit disposer des royaumes de Naples, d’Aragon, de Valence, d’Écosse, de Pologne, de Hongrie ; voulut imposer sa juridiction aux rois d’Angleterre, de Bohême, de France, de Danemark ; réclama le droit de désigner l’empereur lors du conflit entre Adolphe de Nassau et Albert d’Autriche, et refusa de reconnaître ce dernier comme roi des Romains, titre que portait le chef nommé par les électeurs de Germanie, tant qu’il n’avait pas reçu à Rome la couronne impériale. Pour détacher Albert de l’alliance du roi de France, Boniface le releva de l’excommunication, confirma son élection et lui promit même, dit-on, de le sacrer empereur d’Occident. Il expulsa de Rome la puissante famille Colonna, qui lui déniait le titre de pape, fomenta des troubles dans tous les pays et brava le mécontentement de l’Italie entière, en se montrant en public l’épée au côté et revêtu du costume d’un chef d’armée.
En l’an 1300 il institua ou régularisa le Jubilé centenaire, promettant rémission entière de leurs péchés à ceux qui visiteraient les églises de Rome pendant trente jours consécutifs. Dans ce jubilé, qu’il célébra avec une pompe extraordinaire, au milieu d’une foule de pèlerins accourus de toutes les parties de l’Europe, Boniface se montra avec les insignes impériaux, précédé d’un héraut qui, portant les deux glaives, l’acclamait à la fois comme pontife souverain et comme empereur de la terre. Toutes les richesses du monde s’étalèrent aux pieds du pontife qui, contemplant devant lui la chrétienté prosternée, put se croire réellement le roi suprême de l’univers.
Les représentants de tous les pays, princes, seigneurs, prélats, nobles et bourgeois, se heurtèrent à cette occasion dans la ville éternelle où affluèrent les moines mendiants, milice dévouée du Saint-Siége. Ces nouveaux ordres de religieux Carmes (1227), Augustins (1256), Franciscains (1215), Dominicains (1216), soustraits à la juridiction des évêques, s’étaient prodigieusement accrus et, malgré l’opposition opiniâtre du clergé séculier et de