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HISTOIRE DU MOYEN-ÂGE

gistes, elle les poursuivit de sa haine implacable et obtint du roi la condamnation de Pierre de Latilly, de Raoul de Presle et d’Enguerrand de Marigny. Ce dernier, l’un des instigateurs du procès des Templiers, fut pendu au gibet de Montfaucon, qu’il avait fait élever lui-même (1315). L’exécution de ce ministre fut suivie du meurtre de Marguerite de Bourgogne accusée d’adultère, enfermée dans le château Gaillard, et étranglée avec le linceul de sa bière, par ordre du roi qui contracta un nouveau mariage avec Clémence de Hongrie. Louis X fit une obligation de l’affranchissement des serfs, moyennant rachat en numéraire ; et il sut donner à cette mesure financière un caractère d’humanité, en déclarant que la liberté appartient à tout homme par droit de nature.

Une maladie accidentelle enleva Louis X : il ne laissait qu’un fils de son premier mariage ; mais, comme sa deuxième femme, Clémence, était enceinte de quelques mois, le second fils de Philippe-le-Bel fut investi de la régence (1316). La reine ayant mis au monde un enfant qui ne vécut que cinq jours, Philippe V, dit le Long, déjà maître du Louvre et du trésor, alla se faire sacrer à Reims, malgré les protestations de plusieurs princes du sang. À son retour il convoqua à Paris une assemblée de prélats, de barons et de bourgeois, qui décréta que les femmes ne pouvaient hériter du trône de France. Ce principe nouveau de droit monarchique était une conséquence abusive de l’article 6 de la Loi salique, ainsi conçu : « Quant à la terre salique, aucune portion de l’héritage ne passe aux filles ; la succession appartient aux mâles dans sa totalité. »

Philippe V réglementa l’administration des eaux et forêts, l’office des receveurs, les milices, les chambres des comptes ; accorda aux roturiers le droit d’acquérir des fiefs, révoqua les donations immobilières de son père et de son frère, et proclama le principe de l’inaliénabilité des domaines de la Couronne (1318). Il donna aux tribunaux d’inquisition toute latitude pour séquestrer, écorcher ou brûler toutes personnes soupçonnées de sorcellerie ou d’hérésie. » Le Languedoc ayant été