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HISTOIRE DU MOYEN-ÂGE

rendre moyennant rançon. Sur le refus de l’empereur, on les massacra. La population de Constantinople indignée accusa Maurice de cruauté et d’avarice. L’armée, déjà mécontente de prendre ses quartiers d’hiver dans le pays reconquis, profita de l’occasion pour se révolter (600). Un centurion, promu rapidement aux plus hauts grades, Phocas, fut proclamé empereur. Poursuivant Maurice jusqu’à Chalcédoine, il le fit massacrer avec cinq de ses fils.

Le vie siècle, qui vit l’établissement de nouveaux Barbares en Occident, fut surtout remarquable par les changements introduits dans les mœurs et les institutions politiques, suite naturelle du mélange plus intime des Romains et des peuples germaniques. Après la conquête et les désordres de l’invasion, les chefs de nation sentirent la nécessité de codifier les anciennes coutumes en y ajoutant les dispositions que rendaient indispensables les nouveaux rapports entre vainqueurs et vaincus. La loi salique, rédigée d’abord en langue tudesque au delà du Rhin, et traduite plus tard en latin, fut successivement amendée par les rois mérovingiens. L’article VI du titre XII de cette loi porte qu’aucune portion de la terre salique ne passera en héritage aux filles. Il n’y est point question de l’exclusion du trône ; les femmes, d’ailleurs, n’y étaient admises par aucune nation barbare. Les lois des Ripuaires, des Burgundes, des Wisigoths, des Lombards, des Ostrogoths, pas plus que la loi salique, n’étaient des constitutions politiques, mais simplement des codes civils, surtout criminels, qui attachaient plus d’importance à la conservation des animaux domestiques qu’à la dignité des personnes. Toutes ces lois avaient pour caractère distinctif d’être individuelles et non territoriales, et d’admettre originairement la commutation des peines en une somme d’argent. La justice, rendue par les hommes de race libre qui formaient le tribunal du comte, s’éclairait au moyen des preuves écrites, des témoins, des conjurateurs qui affirmaient sous serment la sincérité de l’accusé, des épreuves judiciaires, ou ordalies, comprenant le jugement de Dieu par le feu, l’eau ou la croix et le combat judiciaire qui laissait à la force ou à