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Page:Gosset - Histoire du Moyen-Âge, 1876.djvu/74

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HISTOIRE DU MOYEN-ÂGE

jusqu’au coucher du soleil, de toute nourriture, de toute boisson, de bains, de parfums, de divertissements. Ce temps d’abstinence est la préparation aux fêtes du Baïram, qui est la Pâque des Islamites. L’ablution doit précéder tout acte de piété, et, si l’eau manque, il est permis de la remplacer par le sable fin du désert. Les obligations du riche sont proportionnées aux moyens qu’il a employés pour acquérir sa richesse ; l’aumône du dixième des revenus est imposée à l’homme irréprochable. Il ne suffit pas de pratiquer la charité, si on ne fait le bien pour lui-même, sans espoir de compensation humaine. « Celui qui donne par ostentation est semblable à un rocher couvert de poussière ; une pluie abondante survient et ne lui laisse que sa dureté. » Mohammed releva la condition de la famille en assignant aux filles une part de l’héritage, en ordonnant au mari d’être un protecteur pour sa femme, en exaltant le respect filial : « Un fils gagne le Paradis aux pieds de sa mère. » S’il maintint la polygamie, c’est que de tout temps cette coutume régnait dans l’Asie occidentale. Il la soumit pourtant à des restrictions et conseilla comme un acte louable de se borner à une seule épouse. Pour des raisons identiques, il n’osa décréter l’abolition de l’esclavage ; mais il imposa des obligations aux maîtres et proclama le fait de l’affranchissement un acte agréable à Dieu. Il suffit de lire le Koran pour se convaincre que la morale en est souvent fort élevée. L’Islamisme dut sans doute la rapidité de sa propagation à cet ensemble de préceptes sévères empruntés aux religions antérieures et mélangés avec les opinions, les croyances, les rites que professaient les peuples de l’Arabie. Toute idée de tolérance n’est pas étrangère au Koran : « Ne faites point de violence aux hommes à cause de leur foi ; la voie du salut est suffisamment distincte du chemin de l’erreur. » Ainsi les peuples du Livre, c’est-à-dire les juifs, les chrétiens, les sabéens, ayant foi en un seul Dieu et au jugement dernier, pouvaient exercer librement leur culte, moyennant le tribut annuel d’une pièce d’or. Il était défendu de s’allier à eux par le sang, mais