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SEPTIÈME SIÈCLE

on ne devait les combattre que dans le cas de provocation. Quant aux idolâtres, s’ils refusaient de se convertir à la religion du Prophète, le devoir le plus strict était de les traquer jusqu’à extermination. Tel est l’esprit de prosélytisme et de conquête qui poussa les sectateurs de Mohammed jusqu’aux extrémités du monde.

Néanmoins, l’édifice religieux et politique de l’Islamisme fut ébranlé à la mort de son fondateur. La fureur d’innover suscita la révolte de Mosseilamah, et lorsque ce rebelle eut été vaincu par Abou-Bekr, la secte des Kharégites refusa de reconnaître les premiers khalyfes et soutint quelque temps les droits d’Ali, gendre du Prophète. C’est ainsi que commença le grand schisme qui divisa les musulmans d’Orient et ceux d’Occident, et qui, perpétué jusqu’à nos jours, entretient encore l’inimitié entre les Turcs et les Persans. Les rébellions, soulevées par la prophétesse Thegiaz, furent aisément étouffées dans la province de Iémanah, dans le pays de Bahreïn et dans le Nedjed. La valeur fanatique de Khaled rendit la soumission générale et absolue. Afin de ne pas laisser se refroidir l’ardeur de ses soldats victorieux, le khalyfe Abou-Bekr voulut procéder sans retard à la conversion des infidèles, selon le vœu du prophète, et appela toutes les tribus de l’Arabie à partager la gloire de la guerre sainte. L’entreprise eût certes été plus que téméraire si elle n’eût été favorisée par la décadence des trois grandes nations du monde, Perses, Grecs et Germains. Les Arabes pouvaient espérer la victoire.

Lorsque le khalyfe donna le signal du départ aux armées qui allaient attaquer la Syrie et la Perse, il adressa aux guerriers ces sages instructions : « Invitez les nations à la foi, avant de les combattre, et n’exigez de conversion que des hommes faits ; respectez les envoyés de paix, épargnez les vieillards, les femmes, les enfants : n’exercez jamais de cruauté sur les vaincus : ne détruisez ni les arbres fruitiers, ni les champs en culture. » La part du soldat dans le butin fut fixée d’avance aux quatre cinquièmes ; le reste était destiné aux instituteurs, aux juges, aux poëtes et aux orphelins.