Page:Gosset - Histoire du Moyen-Âge, 1876.djvu/84

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
76
HISTOIRE DU MOYEN-ÂGE

Lombards et aux Germains pour attaquer ces peuplades Slaves. Cette campagne n’eut point de résultats décisifs, et les Vénèdes continuèrent à ravager la Thuringe.

En 631, neuf mille guerriers Bulgares, chassés de la Pannonie par les Avars, vinrent demander asile avec leurs familles au roi frank, qui leur accorda des cantonnements en Bavière. Au bout de six mois, il les fit tous égorger par les Bavarois, en une seule nuit, hommes, femmes et enfants.

Pour garantir les provinces d’outre-Rhin des incursions des Slaves, Daghobert confia la défense de ces frontières aux Saxons méridionaux, à qui il remit le tribut de cinquante bœufs qu’ils payaient depuis Khlother II (632). Au dedans, il sut contenir les empiétements des Leudes, en retenant à Paris Peppin de Landen, maire d’Austrasie, et en internant, dans les Vosges, Arnulfe, évêque de Metz. Il parcourait ses vastes États, étalant partout une magnificence extraordinaire dont le goût lui était inspiré par l’orfèvre Eligius, élu plus tard évêque de Noyon et vénéré dans l’Église sous le nom de saint Éloi. Dominé par ses penchants, le Salomon du Nord, outre les trois reines Nantekhilde, Vulfegunde et Berkhilde, s’était entouré d’un si grand nombre de concubines que le chroniqueur Frédégaire a reculé devant la fatigue de transcrire leurs noms.

En l’an 636, les Bretons de la côte armoricaine se livrant à leurs courses dévastatrices, le roi des Franks envoya son ministre Eligius auprès de leur duc Judicaël, qui vint rendre hommage à Daghobert, dans son palais de Clichy, et reçut de magnifiques présents.

Entouré de conseillers ecclésiastiques, Daghobert racheta ses désordres par ses libéralités envers les pauvres et ses fondations pieuses. Il fit ciseler par Eligius, un grand artiste au milieu d’un siècle tout barbare, des châsses pour les reliques des saints et de précieux ornements d’église. Il bâtit aux portes de Paris la basilique de Saint-Denys, destinée aux tombeaux des rois, mais ne se fit aucun scrupule, pour enrichir la nouvelle abbaye, de dépouiller des églises et des chapelles consacrées