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LA TIERCE PARTIE

[F° 96 a] En ceste tierce partie après finerons ceste astronomie. Si vous[1] dirons tout premierement comment il est nuit et jour, pour faire entendre les eclipses[2] et pour aprendre autres choses.

  1. — A : vons.
  2. — B : esclipses.


i. a[a].
Comment il est jours[1] et nuit.

Li soulaus fait ·i· tour entre nuit et jour environ la terre, et vait igaument chascune heure. Tant comme il demeure sus terre, avons le deduit du jour ; [F° 96 b] et quant il est desouz, si avons la nuit ; ausi comme se vous aliez torniant[2] une chandoile ardant[3] entour vostre teste ou entour une pomme[4] en loing[5]. La partie qui seroit endroit la chandoile seroit adès enluminée, et l’autre, qui en seroit mains ps d’autre part, seroit oscure[6]. Ainsi fait li solaus[7] par nature jour et nuit estre seur terre. Il fait nestre[8] le jour par[9][* 1]devers lui, et d’autre part est ombreuse[10] la terre qui est tenebreuse et oscure[11]. [F° 96 c] Et ainsi laisse ombre cele part la ou il ne puet luire ; et ce est li ombres de la nuit qui le deduit du jour nous tolt[12]. Mais pour ce que li solaus[13] est plus granz que n’est toute la terre, vait li ombres agraisloiant, si qu’il vait a noient[14] en la fin, a la maniere d’un[15] clochier que l’en fait en ces mostiers[16] [b].

Mais si[17] la terre et li soulaus estoient igaument d’un grant, li ombres n’avroit point de fin ; ainz seroit [F° 96 d] tout igal sanz declinement. Et sela terre estoit plus granz, si iroit[18] li ombres eslargissant[19]. Dont vous pouez veoir la faiture en ces ·iii· figures ci endroit (Fig. 20, 21, 22). [F° 97 a] Et si le[20] poons prouver autrement sanz figures : Prenez aucune chose oscure qui puisse retenir lumiere, si comme de fust ou de pierre, ou d’autre chose, qui soit tele que l’en ne puisse[21] veoir parmi ; si la metez devant vos ieuls[22]

  1. — B : jour.
  2. — B : tourniant.
  3. — B : « ardant » manque.
  4. — B : poume.
  5. — B : en loing, mais que la chandoile fut ardant ; N : même que A.
  6. — B : obscure.
  7. — B : souleill.
  8. — B : naistre.
  9. — A : pa.
  10. — B : ombrouse
  11. — B : obscure.
  12. — B : qui nous toit le deduit du jour.
  13. — B : soulaus.
  14. — B : noiant.
  15. — B : du.
  16. — B : moustiers.
  17. — B : se.
  18. — B : grant, si i iroit.
  19. — B : enlargissans.
  20. — B : les.
  21. — N : que l’en ne puisse... ; A, B, C : que l’en puisse.
  22. — B : voz ieulz.
  1. * pa est isolé dans le ms. A. Pa (= par) se retrouve dans d’autres textes. Cf. Chanson de Roland v. 47 et 149 (Oxford).
  1. Ce chapitre est divisé en trois parties : A, B, C. [F° 96 a99 b = Vers 4323-4466.] La partie A est basée sur la Philosophia Mundi II. 27.
  2. « Mais pour ce que... en ces mostiers. » Honorius Aug II. 30.