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où l’orthographe exceptionnelle se présente ne soit pas isolé dans le manuscrit, mais soit répété sous cette forme dans quelque autre partie[1].

Nous faisons une exception à cette règle dans le cas de mots isolés tels que vount[2], avouns[3], qui reproduisent une forme dialectale prononcée, et dont l’orthographe est si typique de l’anglo-normand qu’on ne saurait y voir une faute de copiste ;

2° Que cette orthographe soit confirmée par des exemples analogues tirés d’autres ouvrages ou cités par des savants qui fassent autorité.

Les formes grammaticales et la syntaxe du manuscrit A restent intactes. Les nombreuses irrégularités de déclinaison et d’accord sont une preuve additionnelle que A est l’ouvrage d’un copiste anglo-normand : c’est un lieu commun que, dès le XIIe siècle, ce dialecte précède tous les autres en négligeant la distinction des cas, et qu’au XIIIe siècle le système de déclinaison est en pleine décadence.

Nous corrigeons donc 1° les formes orthographiques isolées et que nous ne pouvons confirmer, 2° les omissions, 3° les répétitions et autres erreurs évidentes, 4° les phrases, les noms et les nombres quand la bonne leçon se trouve dans les autres manuscrits.

La langue. — Nous avons fait allusion plus haut à la morphologie et à la syntaxe de A ; l’étude des formes orthographiques vient confirmer notre opinion : le scribe de A se sert de l’orthographe anglo-normande. Il emploie à tous moments des formes distinctives qui ne se retrouvent pas dans les autres copies de l’Image, soit en prose soit en vers.

Mais à part ces traits particuliers, il y en a d’autres qui sont communs à tous les manuscrits : Dans sa dissertation sur les rimes dans l’Image du Monde[4], Haase a prouvé que le dialecte lorrain de Gossouin a laissé des traces nombreuses dans le poème.

La rédaction en prose, par sa nature elle-même, ne nous permet pas toujours de contrôler ses conclusions : le temps et les copistes ont oblitéré beaucoup de formes distinctives préservées par les nécessités de la rime dans la rédaction en vers. Pourtant le lorrain a laissé des traces partout, même dans A et dans les manuscrits dont les copistes emploient un dialecte différent.

Dans la table suivante, nous donnons :

1° les formes dialectales du nord-est ou lorraines qui se trouvent à la fois dans A et dans d’autres manuscrits.

  1. Cf. sont (= suum) fo 36 d ; cette forme se retrouve fos 74 a et 82 b, elle est, de plus, confirmée par des exemples et des parallèles dans d’autres auteurs ; par conséquent nous l’admettons.
  2. V. fo 5 b.
  3. V. fo 22 a.
  4. Haase, Untersuchung über die Reime in der Image du Monde (Halle, 1879.)