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Aaron est sans doute la ville nommée Aren sur la carte de Pierre Alphonse[1], un Juif de Huesca, qui écrivait vers 1110. La forme Arim se trouve dans un manuscrit de l’Image du Monde[2], et rend cette supposition probable.

Cette cité, dit Miller[3], située au milieu de la terre, aux confins du monde habitable, est, d’après la légende arabe, le refuge des démons et le trône d’Iblys. Cet endroit, aussi nommé Aryn ou Arym, est déjà mentionné par les Arabes au IXe siècle. Sur une carte persane du XIIe siècle, il est indiqué comme étant au milieu de la terre. En occident on trouve souvent ce nom au XIIIe siècle. Roger Bacon en parle et dit que Syène se nomme maintenant Aryn.

La ligne qui s’étend à gauche de la ligne du midi s’appelle septentrion ; elle est ainsi nommée d’après les sept planètes.

Cette explication est tirée d’Isidore de Séville[4].

Le septentrion se termine à la montagne[5] qui guide les marins. Rien dans le contexte ne peut nous aider à découvrir de quelle montagne il s’agit. Peut-être est-ce une allusion à l’île de Thulé, où quelques-uns croient reconnaître l’Islande et ses volcans.

Gossouin donne ensuite le nom des trois continents, avec leur étymologie.

Afrique vient d’enfer, c’est-à-dire apportée. Même si nous admettons qu’il y a ici erreur de copiste, et qu’au lieu d’enfer il faut lire affer du latin affero, cette dérivation est originale. Aucune des sources ordinaires de l’Image du Monde ne la donne. Isidore[6], Honorius[7] et Vincent de Beauvais[8] disent que l’Afrique tire son nom d’un descendant d’Abraham nommé Afer. Vincent ajoute : « Africam autem nominatam quidam inde existimant, quasi Apricam, quod sit aperta cœlo vel soli sine horrore frigoris. »


Ch. II. — Le second chapitre se divise en huit parties, où Gossouin décrit l’Asie en détail.

  1. Manuscrit de la Bibl. Nationale, suppl. lat. 1218.
  2. Musée britannique, Arundel 52.
  3. Miller. Mappæmundi (Stuttgard, 1895) III, 127.
  4. Isidore de Séville, Etymologiæ (Migne, Patrologia, t. 81-84) XIII, 11. 11.
  5. Caxton, dans sa traduction (fo 35 a), remplace le mot montagne par étoile. C’est un des rares cas où il s’est permis d’altérer le texte français.
  6. Isidore, o. c. XIV, 5. 2.
  7. Honorius, o. c. I, 32.
  8. Vincent de Beauvais, Speculum Historiale (Bibliotheca Mundi, vol. IV, p. 28, Douai, 1624) I. 76.