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« Filius Evandri Pallas, quem lancea Turni »

« Militis occidit more suo, jacet hic. »

Quod non tunc crediderim factum, licet Carmentis, mater Evandri, Latinas litteras dicatur invenisse ; sed ab Ennio vel alio aliquo antiquo poeta compositum. Ardens lacerna ad caput inventa arte mechanica, ut nullius flatus violentia, nullius liquoris aspergine valeret exstingui.

Gossouin paraît être le premier auteur du moyen âge qui attribue ce miracle à Virgile. Du moins ni Fritsche[1], ni Comparetti[2], personne de fait, n’a trouvé jusqu’ici la source de la légende telle que notre auteur la rapporte, mais les passages cités ci-dessus sont, semble-t-il, un indice précieux.

Gossouin a parfaitement pu connaître soit le Roman de Troie, soit l’Enéas, ou la Chronique de Guillaume de Malmesbury.

Le rapport entre les idées est maintenant évident : Virgile, auteur de l’Enéide et magicien, devient aisément, dans l’esprit de Gossouin, l’inventeur de la lampe merveilleuse du tombeau de Pallas.

Les cierges sont un trait ajouté peut-être par notre auteur lui-même.

La source n’est donc pas certaine ; mais il est fort probable que le passage cité de Guillaume de Malmesbury est l’origine de la légende telle qu’elle se trouve dans l’Image du Monde.

Thomas Wright remarque, dans une note manuscrite[3], que l’histoire de la mouche d’airain, dont aucune mouche ne peut s’approcher sans périr, semble avoir existé en Orient. Dans les voyages d’Evliya Efendi (Oriental Translation Committee, p. 17), l’auteur, parlant de certaines colonnes à Constantinople, dit : « Sur une d’elles érigée par le Hakim Filikús (Philippe), seigneur du château de Kavaláh, se trouvait une mouche d’airain qui, par son bourdonnement incessant, chassait toutes les mouches d’Istámból. »

À Naples se trouve encore le Château de l’œuf. Il y a là peut-être une trace de cet autre miracle de Virgile : la ville bâtie sur un œuf.


Ch. XII. — Le chapitre suivant nous explique l’invention de l’argent. Gossouin donne d’abord l’étymologie du mot monnaie qui vient, selon lui,

  1. O. c. p. 49 sq.
  2. O. c. passim.
  3. La bibliothèque du romanisches Seminar de l’Université de Halle possède une copie manuscrite de l’Image du Monde faite d’après le manuscrit du British Museum Additional 10015. Cette copie appartenait à T. Wright. Il s’y trouve plusieurs notes de la main même du savant auteur qui, nous le savons, avait l’intention de publier une édition de l’Image du Monde, ouvrage que la mort l’a malheureusement empêché de mener à bien. (V. à ce propos : T. Wright, Popular Treatises on Science written during the Middle Ages in Anglo-Saxon, Anglo-Norman, and English [Londres, 1841] p. 8 de l’Introduction.) Nous devons à l’amabilité de M. le professeur Suchier d’avoir pu consulter le manuscrit de T. Wright.