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Le nombre 53 12 est évidemment corrompu ; il est facile de le prouver.

1) 6500 (diamètre de la terre) × 10 055 = 65 357 500 (distance de la terre au firmament).

1)65 357 500 : 876 600 (nombre d’heures en 100 ans) = 74 12 milles.

2) 6500 × 10 066 = 65 429 000.

2)65 429 000 : 876 600 = 74.

Nous devons choisir entre 74 et 74 12. Aucun manuscrit ne paraît offrir la leçon 74. La leçon 74 12 au contraire se trouve dans le manuscrit Sloan 2435 du Bntish Museum, et ce chiffre qui répond à nos calculs vient aussi confirmer la base 10 055.

Nous mettons donc 74 12 au lieu de 53 12.

Si nos conclusions à propos des chiffres sont admises, notre étude aurait un résultat pratique : celui d’aider à la reconstitution de la rédaction en vers.

La troisième partie semble être basée sur l’Almageste de Ptolémée. Mais nous pouvons aussi mentionner Honorius, la Philosophia Mundi et Neckam.

Nous avons donné une liste des sources principales de l’Image du Monde, mais cette liste est probablement loin d’être complète. Les lectures de notre auteur ont été aussi vastes que variées. Il en a fait bon usage. Pourtant il est resté original jusqu’à un certain point. Il sait développer la matière que lui fournissent ses sources. Les calculs sont absolument le résultat de ses propres efforts[1]. Même au point de vue littéraire il montre parfois un certain talent descriptif : ainsi son chapitre sur l’enfer.

Mais ses exemples surtout ont une valeur indiscutable. Gossouin est au fond un pédagogue ; son but est d’instruire ses lecteurs. Ce qui pourrait être obscur, il l’explique au moyen de comparaisons ou de dessins d’une véritable utilité. Il prouve la densité de l’air par une verge qui plie lorsqu’on l’agite[2] ; il démontre au moyen d’une chandelle allumée l’alternance du jour et de la nuit[3] ; il nous explique d’une manière originale pourquoi l’on voit l’éclair avant d’entendre le tonnerre[4]. Ses remarques sur la force centrifuge[5], sur le mercure et l’eau[6], montrent un esprit éclairé. Il emploie un exemple frappant pour faire comprendre à ses lecteurs la présence universelle de Dieu : la voix d’un homme que chacun dans une foule peut entendre en même temps sans pourtant la voir[7].

  1. Par exemple le calcul sur le temps qu’Adam aurait mis à venir de la terre au firmament, et qui introduit la date de la composition de l’Image du Monde (III, 17), est indubitablement dû à Gossouin lui-même.
  2. II ch. 14.
  3. III ch. 1.
  4. II ch. 15.
  5. I ch. 12.
  6. II ch. 7.
  7. III ch. 21.