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les a devant lui. Ne ne fu onques biens[1] ne jamais n’iert, qui[2] ne fust devant Dieu pourtrait avant qu’i feïst[3] le monde.

Ore oez pour quoi Diex fist le monde.

  1. — B : nul biens.
  2. — B : qui tout...
  3. — A : avant qu’i feust le... B : avant qu’il feïst le monde. Or... C : avant qui le fist le... N : avant qu’il feïst le...


ii[a].
Pour quoi Diex fist le monde.

[Fo 6 d] Diex fist le monde a sa volenté, pour ce qu’il i peüst avoir aucune chose qui feust[1][* 1] tele qui ses biens peüst desservir, se[2] il ne perissoit en lui. Et pour ce establi il cest monde ; non pas pour ce que miex l’en fust, ne qu’il en eüst nul besoing, mais il le fist par charité et par sa trés grant debonnaireté. Car il vouloit[3], comme bons, qu’autres partist a lui et a ses biens, et que toute autre creature, chascune selonc[4] sa nature, se sen-[Fo 7 a]tist de sa puissance, selonc ce que a lui apertenist[5] [b].

Ainsi volt establir cest monde que tel chose en peüst issir qui entendre et savoir peüst la noblece[6] de son pooir et de sa sapience et dou[7] bien qu’i[8] fist pour homme terrien, si qu’il le peüst servir en tele maniere que, par lui, peüst desservir les biens que pour lui avoit faiz.

Si devons moult amer celui qui nous fist et forma, et bon gré savoir, quant nous avons [Fo 7 b] tel pooir par lui que, se nous le voulons amer, nous serons seigneur de touz ses biens[9]. Or l’amons donques, si ferons que sage, ou nous[10] i avrons damage grant. Car se nous perdons touz icès biens que Diex a faiz pour nous, ja pour ce Diex riens n’i perdroit.

Il les fist[11] pour ce que nous les aions, puis que nous les savons desservir et qu’il nous en[12] a donné le sens et le pooir.

  1. — B : fust.
  2. — B : si.
  3. — B : voiloit.
  4. — B : solonc.
  5. — B : apartenist.
  6. — B : nobleice.
  7. — B : du.
  8. — B : que il.
  9. — B : de « et bon gré » jusqu’à « ses biens », manque.
  10. — B : non.
  11. — B : fist manque.
  12. — B : en manque.
  1. * feust : I. S. de « estre ». Ex. : Chronique du Mont Saint Michel (Paris, 1883) vol. 1 p. 241, feust. — Stimming, o. c. p. 180, feust.
  1. [Fo 6 dFo 7 b= vers 133-168.]
  2. « Diex fist... apertenist. » Sydrach Ad. 240 — S 234.153. — Saint Augustin. Liber de diligendo Deo, ch. II (Patrologia t. 40.) V. Introduction p. 32.


iii[a].
Pour quoi Diex forma homme[1] a s’ymage et a sa samblance.

[Fo 7 c] Quant Diex fourma houme[2], il le volt faire a sa samblance, pour ce qu’il eüst remenbrance de ses biens, si qu’il en eüst et qu’il les

  1. — B : home.
  2. — B : forma home.
  1. [Fo 7 bFo 8 b = Vers 169-214.]