troient[1] verité dont il estoient certain. Ausi[2] comme firent les sainz et les saintes qui souffrirent mort et passion[3] pour [F° 18 d] la loi Jhesu Crist qu’il vouloient[4] essaucier.
Si i ot de tels phylosophes qui par leur sens prophecierent le saint tens[5] de la venue Jhesu Crist. Si comme Virgiles le dist qui fu au tens[6] Cesar de Roume[7]. Dont mainte[8] gent en furent puis meilleur que il n’avoient esté devant[9][a]. Car il dist c’une nouvele lingniée[10] s’estoit eslessiée du ciel en haut, qui feroit vertuz en terre, dont li dyables seroit vaincuz. Dont sainz[11] Pols qui [F° 19 a] vit ses escriz[12], qui moult les prisa, dist, a cuer iracu[13] pour ce qu’il n’avoit esté crestien : Ha ! quel je t’eüsse rendu a Dieu se tu eüsses vescu tant que je feusse[14] a toi venuz.
Autres phylosophes y ot dont chascun[15] dist moult de bons moz et de merveilleus[16]. Mès nous ne poons pas dire orendroit touz les biens qu’il en porent dire. Car il furent preudomme[17] et vaillant, quant il mistrent avant clergie. Car, se ne fust par cler-[F° 19 b]gie, l’en ne seüst que Diex fust. Car s’il ne[18] fussent si preudome[19] comme il estoient, jamès[20] ne fust si grant clergie comme il est orendroit. Et si peüst l’en bien encore trover[21] après, s’il[22] feussent[23] autretel comme il estoient adonques[24], qui premierement trouverent[25] clergie[* 1] ; mès ele vet[26] orendroit toute a noient, si qu’a pou qu’ele ne perist. Car les gens[27] ne voient goute que cil qui deüssent entendre a bien et les autres aprendre et ensaingnier et donner [F° 19 c] essample de bien fere[28], ce sont cil[29] qui mains font de bien. Et ce est par leur folie. Car nus ne tient clergie près[30] ne ne s’i alie a droit[* 2]. Il n’en quierent fors avoir la lie. Car nus ne quiert mès[31], fors tant
- ↑ — B : mostroient.
- ↑ — B : aussi.
- ↑ — B : martyre et mort ; « passion » manque.
- ↑ — B : volloient.
- ↑ — B : temps.
- ↑ — B : tans.
- ↑ — B : Romme.
- ↑ — B : maintes.
- ↑ — B : devant esté.
- ↑ — B : lignie.
- ↑ — B : saint.
- ↑ — B : escripz.
- ↑ — b : irascu.
- ↑ — B : fusse.
- ↑ — B : philosophes i ot dont chascuns.
- ↑ — B : merveillieus.
- ↑ — B : preudoume.
- ↑ — B : si ne.
- ↑ — B : preudomme.
- ↑ — B : iamais.
- ↑ — B : trouver.
- ↑ — A : et s’il...
- ↑ — B : se il fussent.
- ↑ — B : adouques.
- ↑ — B : troverent.
- ↑ — B : mais ele va.
- ↑ — B : « gens » manque ; N : genz.
- ↑ — B : faire ; N : fere.
- ↑ — B : cels ; N : ceus.
- ↑ — B, N : près ; C : pris.
- ↑ — B : mais ; N : mès.
- ↑ * « Car s’il... trouverent clergie » : Car s’ils n’avaient pas été aussi sages qu’ils l’étaient, jamais il n’y aurait eu autant de science qu’il y en a maintenant. Et l’on pourrait encore bien en découvrir si les hommes de nos jours étaient semblables à ceux qui découvrirent les sciences autrefois.
- ↑ * « Car... a droit » : Car personne ne (tient en estime) prise la science et ne s’y applique
comme il le devrait.
Nous avons choisi la leçon des mss. B, N pour résoudre l’abréviation du ms. A. C dit « pris », Sloan « pas » : ni l’une ni l’autre de ces leçons n’éclaircit la question. « Pris » (lat. pretium) aurait ici le sens d’ « estime ».
Sloan f° 84 a : Car nus clergie pas ne tient
ne nus a droit ne s’i alie.Cf. f° 25 a, où l’expression « tenir clergie près » est répétée, mais sans abréviation. Cela décide la question en faveur de « près ».
- ↑ « Si i ot... devant » (cf. Introduction p. 33). Saint Augustin Epistolarum classis IV. Epistola 258 (Patrol. t. 33 col. 1073).