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seront seür d’avoir toutes males aventures en enfer le puant, la ou il se gaberont de eus meïs-[F° 22 d]mes et diront que il furent nez de male heure quant il n’apristrent ce qu’il durent aprendre.

La lesseront il ceuls[1] ester, qui plus amerent a conquester clergie que le foul savoir dont il assemblassent les grans[2] avoirs et les[3] granz richesces ; et sachent que tout[4] ceus[5] qui pour avoir muable lessent leur tens[6] de bien aprendre sont asseür de mal atendre après la mort[* 1]. Car, par leur avoir[7], la clergie faut ; si qu’a pou que [F° 23 a] ele[8] n’est perie. Et ce qui orendroit en est[9] seü vient[10] et nest[11] de la cité de Paris plus que de nule[12] autre cité.

  1. — A : sens ; B : laisseront il ceuls ; C : laisseront il ceulx.
  2. — B : granz avoirs.
  3. — B : « les » manque.
  4. — A : tout ceus (Schwan-Behrens. Altf. gr. II p. 163) [Ex. n. pl. Lais de Marie de France p. 82 v. 207 (Halle, 1900), id. p. 85 v. 297, etc.].
  5. — B : sachiez que touz cels.
  6. — B : laissent leur tans.
  7. — B : par leur sens et leur avoir.
  8. — B : qu’ele.
  9. — B : ce qui en est orendroit.
  10. — C : en est ce vient.
  11. — B : naist.
  12. — B : nulle.
  1. * « La... mort » : Là (en enfer), ceux qui ont préféré les sciences aux folies qui servent à acquérir les richesses laisseront ces fous (ceuls) : Et que tous ceux qui préfèrent les biens temporels aux sciences sachent qu’ils sont assurés d’un triste sort après leur mort.


vi[a].
Des[1] trois manieres de gens[2], et comment clergie vint en France.

Clergie regne orendroit a Paris, si comme ele fist a Athenes, une cité de grant noblesce.

Li philosophe, qui lors estoient et qui les autres devoient aprendre et ensaingnier[3], ne poserent selonc leur sens que trois manieres de gens[4] au monde : ce furent [F° 23 b] clers et chevaliers et laboureeurs[5] de terres. Li gaaingneeur[6] de terres[7] doivent querre aus[8] autres ·ii· ce que mestier [9] leur est pour vivre au monde honnestement[10]. Et li chevaliers les[11] doivent garder et deffendre[12] comme bon serjant, que il ne facent[13] tort les uns aus[14] autres. Et li clers[15] doivent ensaingnier[16] ces ·ii· manieres de genz et les doivent adrecier de leurs euvres[17], si que nus ne face chose dont il perde[18] Dieu ne sa grace.

[F° 23 c] Ainsi poserent trois manieres de genz ça en arrieres li sage philosophe[19] au monde [b], comme cil qui bien sorent que nul[20] ne pourroit metre[21] son courage a ce qu’il peüst estre bien sages[22] a droit en ·ii· aferes[23]

  1. — A : De.
  2. — B : genz.
  3. — B : ensaignier.
  4. — B : genz.
  5. — B : laboureours.
  6. — B : gaaigneeur.
  7. — B : terre ; A : tres.
  8. — B : as ; A : querre a aus...
  9. — B : mestiers.
  10. — B : honestement.
  11. — A : le.
  12. — B : desfendre.
  13. — B : face.
  14. — B : as.
  15. — B : clerc si ; N : les clers si.
  16. — B : ensaignier.
  17. — B : leur œures ; N : leur ouevres.
  18. — B : perdent ; N : perde.
  19. — B : li sages philosophes ; N : les sages philosophes.
  20. — B : nus.
  21. — B : n’i porroit meitre.
  22. — B, N : « sages » manque
  23. — B : afaires.
  1. F° 23 a — 27 a = Vers 930-1126.
  2. « Li philosophe... philosophe au monde. » Sydrach S. 212, 313, 393. Neckam II. 21.