Page:Goudeau — Dix ans de bohème, 1888.djvu/109

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être plus payé pour cela. Un jour, un grand garçon maigre, long, blême, entre dans le bureau. C’était le nouveau. Quelqu’un vint me rapporter un propos tenu par ce débutant sur mon compte ; il avait dit : « Je vais donc voir de près cette bête curieuse qui s’appelle un poète ! »

Fort bien ! voici à peu près en quels termes je l’accueillis, avec le plus grand sérieux :

— Permettez-moi, monsieur et cher confrère, de vous saluer au nom de la circonvallation astrale, dont la plus-value sereine, adéquate, mais illusoire, fuligine l’espace, et nous laisse pourtant vivre en bonne amitié avec les gastéropodes que le hasard nous envoie.

L’autre demeura ébaubi. Puis, profitant d’une minute de répit, il alla demander par toute la galerie si je n’étais pas fol à lier. Les camarades, mis au courant, lui déclarèrent au contraire que je brillais par une netteté invraisemblable.

Tout le temps que durèrent mes relations avec cet éphèbe, je me servis de ce même langage :

— Veuillez, je vous prie, monsieur et cher collègue, si toutefois l’ingénuité retorse et paraphrastique des cosinus vous le permet, et si, par les pluviales onomatopées, dont le circulus