Page:Goudeau — Dix ans de bohème, 1888.djvu/113

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employés y soient pour rien. Les employés des caisses de l’État, je le dis sincèrement, étant sous l’œil du public, dans des cages de verre, s’acquittent aussi vite qu’ils peuvent de leur besogne, d’autant certes que plus vite elle est terminée, et plus tôt ils peuvent s’en aller. On doit se fier à cela. Des bureaux clos aux regards du public, je n’en dirai pas autant.

Ces facéties et bien d’autres du même genre pouvaient distraire un instant ; mais cela n’avait rien de littéraire. Si je cite cette anecdote, c’est pour faire pressentir comment cette génération qui avait tant de raison d’être pessimiste luttait par la gaieté contre les ennuis et les jaunisses. Plus tard aux Hydropathes, comme au Chat noir, il y eut toujours, en même temps que des poussées littéraires et artistiques souvent schopenhauériennes, une large part faite au désopilement de la rate. Et vraiment, à travers tant de déboires qui accueillent les débuts, je dois un cierge à Sapeck pour m’avoir initié à cette folie intérieure, se traduisant au dehors par d’imperturbables bouffonneries.

La trop grande gravité des jeunes artistes, le pontificat est, je pense, d’une mauvaise hygiène. Quel mal y a-t-il à ce que, vers leur