Page:Goudeau — Dix ans de bohème, 1888.djvu/142

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veur d’idées que d’autres exploitèrent, témoin Edison.

Lui, qui avait inventé le monologue, ce genre qui eut tant de succès, et réussit encore si bien, se plaignait — oh ! amicalement, sans nulle aigreur — que ce fût plutôt Coquelin cadet qui en bénéficiât que lui-même.

L’Obsession, le Bilboquet (un pur chef-d’œuvre d’ironie voilée) et tant d’autres pièces dont la liste serait trop longue, dites par le fantaisiste comédien, consacrèrent sa réputation dans les concerts et les soirées. Naturellement, Cadet donnait le nom de l’auteur ; mais, quoi ? le public s’écriait : « Quel esprit ! ce Cadet ! quelle verve ! où trouve-t-il tout cela ? » Allez donc réagir là contre. Si bien pourtant que Charles Cros demeurait à peu près inconnu, seul dans son cabinet de travail ou dans son laboratoire, à l’heure même où, dans les salons à la mode, ses œuvres enchantaient les auditeurs.

Un soir de tristesse, chose bien rare chez Charles, il m’exprimait cela en ces termes : Ni gloire, ni argent, c’est dur !

Aussi dès lors je m’enfonçais dans mon système : faire dire par les poètes eux-mêmes leurs propres œuvres ; trouver une scène quel-