Page:Goudeau — Dix ans de bohème, 1888.djvu/144

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me citais en exemple, moi qui avais été la plus timide des gazelles provinciales. On me laissait dire. J’ajoute ici que, depuis, à l’user, cette doctrine a paru bonne, et que tel ou tel poète que je ne nommerai point, et qui prétendait contraire à toute dignité professionnelle de jeter soi-même à la foule les rimes pudiques, n’a pas hésité plus tard à faire des conférences devant un public payant, soit à Paris, soit en Belgique, soit en Suisse, en s’efforçant, autant que possible d’atteindre à l’art du comédien. Quand bien même les hydropathes n’auraient produit que cela, ce serait quelque chose.

D’ailleurs, cette publicité nouvelle semblait devoir s’imposer vers 1877-1878 ; car, à cette époque, les journaux littéraires du quartier Latin ou de Montmartre étaient morts ou enterrés. Seuls, quelques recueils où les abonnés payaient pour faire insérer leurs vers végétaient, en offrant comme prime d’insérer gratuitement le poème et la photographie du lauréat d’un concours mensuel. C’est ainsi que fut fondé le Parnasse, par Georges Berry, qui s’occupait alors plus de poésie que de voirie, et ne songeait point, j’imagine, qu’il deviendrait jamais un conseiller municipal de la bonne ville de Paris.