Page:Goudeau — Dix ans de bohème, 1888.djvu/160

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tend m’imposer aujourd’hui : opera, non verba, pourrait-on dire avec un calembour latin : des opéras sans paroles.

Parfois, durant la semaine, on allait aux concerts Besselièvre. On retrouvait là le menuet de la symphonie en sol mineur de Mozart, et aussi des danses modernes. Ne disons pas du mal de la valse, n’est-ce pas ?

Un soir, je me trouvais avec le vicomte Alfred de Puy… que nous appelions familièrement Puy-Puy et qui ressemble à Henri IV autant que le duc de Nemours ; quoique aristocrate, il était mon collègue aux finances. Nous allâmes à ce concert Besselièvre, et moi, plein de mélancolie, j’écoutais se dévider les numéros du programme, lorsqu’une valse d’un rythme cristallin me frappa. C’était comme si des gouttes d’eau eussent tintinnabulé sur des vitres, ou mieux, comme si l’on eût fait sonner des coupes à champagne à l’aide de couteaux d’argent.

— Singulière danse ! m’écriai-je. Il faut que j’en sache le titre.

Le programme était plaqué dans un cadre de bois contre un arbre. J’avisai le numéro, et je lus : Gungl’, hydropathen-valsh.

Hydropathen-valsh ! de l’allemand ! valsh est