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Page:Goudeau — Dix ans de bohème, 1888.djvu/161

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suffisamment compréhensible même pour le Latin le plus endurci ; mais hydropathen ? Qu’était-ce que cette Valse des hydropathen ? J’interrogeai vainement les personnes que je connaissais, nul ne put me renseigner. Le lendemain, au ministère, au restaurant, dans les cafés de la rive gauche, je promenais ma question : Qu’est-ce que hydropathen ? C’était mon : Avez-vous lu Baruch ? Je fis tant et si bien, agaçant les gens par cette scie, qu’ils me surnommèrent l’hydropathe.

Dans la grande galerie des rentes, je portais ce titre ridicule avec sérénité, jusqu’au jour où le faux sourd, ce collègue vis-à-vis duquel je me servais jadis du langage invertébré, me vint demander — à moi qui n’en savais rien — l’explication de mon pseudonyme ; pour la circonstance, j’improvisai une théorie qui resta :

— Devers les confins du cercle polaire, au Canada, en Labrador, en Groenland, existe une espèce d’animaux singuliers dont les pattes sont en cristal, en forme de flûtes à champagne, ornées d’un pied rond, semblable presque aux raquettes qui servent de chaussures aux indigènes pour marcher sur la neige fraîche. Ces animaux sont faits de neige sans doute et