Page:Goudeau — Dix ans de bohème, 1888.djvu/174

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danger, à l’ombre de la littérature, des beaux-arts et du piano perpétuel.

Les ivrognes étaient moins commodes. Quelque soir de thèse, on voyait arriver une théorie de jeunes hommes dont les festons inquiétaient les glaces. Mais le feston n’est rien ; des cris bizarres sortaient de ces poitrines, allumées comme des forges par le faux champagne des restaurants modestes. De là, un trouble difficilement apaisé et sans cesse renaissant. Le poète en scène, ou le violoncelliste, exaspérés, s’arrêtaient sur leurs phrases et se retiraient, âpres, en disant : — Ces misérables m’empêchent de continuer !

Maint tumulte s’ensuivit. Enfin, un ordre du jour, énergiquement voté par l’assemblée, autorisa le président à se transformer en gendarme pour ces circonstances, hélas ! fréquentes, et à congédier les délinquants.

Cette opération présentait assez souvent des difficultés. Des bagarres inextricables, qui semblaient dessinées par Gustave Doré, transformaient le lieu des séances en champ de bataille, tandis que les hommes paisibles, et les femmes énervées, montant sur des chaises, le long des murs, contemplaient la mêlée terrible