Page:Goudeau — Dix ans de bohème, 1888.djvu/191

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ces folles parties de rire, dont il est coutumier, pour rêver à tant d’amours défuntes et aux ironies parfois amères des destinées :

Dans les cheveux, flot brun qui submerge le peigne,
Sur tes seins frissonnants, ombrés d’ambre, que baigne
L’odeur des varechs morts dans les galets, le soir,
Je veux laisser tomber, par gouttes, les essences
Vertigineuses — et, plis froids, les patiences
Orientales en fleur d’or sur tulle noir.

Éventrant les ballots du pays de la peste,
J’y trouverai, trésor brodé, perlé, la veste
Qui cache mal ta gorge et laisse luire, nus,
Tes flancs. Et dans tes doigts je passerai des bagues
Où sous le saphir, sous l’opale aux lueurs vagues,
Dorment les vieux poisons aux effets inconnus.
Dans l’opium de tes bras, le haschisch de ta nuque,
Je veux dormir malgré les cris du monde eunuque,
Et le poignard qui veut nous clouer cœur sur cœur,
Qu’entre tes seins, faisant un glissement étrange,
Ton sang de femme à mon sang d’homme se mélange,
Et la Mort cédera devant l’Amour vainqueur.

Ou c’était André Gill, qui, de sa grosse voix, la moustache en croc, et les cheveux en coup de vent, prononçait :

L’HOROSCOPE

Malgré les larmes de ta mère,
Ardent jeune homme, tu le veux,