Page:Goudeau — Dix ans de bohème, 1888.djvu/223

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sique, disent des vers, ou en écoutent ; ils sont près de trois cents déjà, il y a trois mois, ils étaient trente. Coppée, Monselet, André Gill, Paul Arène, entrent parfois au cercle hydropathesque, et y récitent des sonnets ou des fragments de poèmes ou de fantaisies, prose et vers. Coquelin Cadet est le porte-voix de la plupart de ces nouveaux venus, il leur prête son flegme britannique, récite leurs bouffonneries, ou fait vivre leurs chimères. Les fantastiques saynètes de Charles Cros ont en lui un avocat applaudi ; il est bien l’homme de ce comique bizarre, étourdissant, d’une folie intense… Il entraîne d’ailleurs chez les hydropathes plus d’un camarade de la Comédie-Française ; et, grâce à lui, cette réunion nouvelle, qui ne manque ni de poésie ni d’ardeur, connaît et applaudit le rire.

Ainsi, c’est peut-être de ce rez-de-chaussée de la rue Cujas que sortira une renaissance littéraire pour le vieux quartier Latin. Il n’y a plus d’étudiants, dit volontiers M. Duquesnel, quand on lui parle du public de l’Odéon.

On voit qu’il se trompe. Qui sait ce que deviendra le club des hydropathes, tout bouillant, plein de vaillance, avec ses admirations et ses haines violentes ? Je n’en sais rien, mais j’y vois un heureux symptôme[1].

Pour répondre à ce besoin d’activité qu’une réunion de trois cents jeunes gens faisait fermenter, bientôt des journaux et des revues se fondèrent, quelques-uns moururent

  1. Voir sur le journal l’Hydropathe, même chapitre, ci-après.