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Page:Goudeau — Dix ans de bohème, 1888.djvu/245

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aux colons, dans des conférences. Il fit mieux et offrit un asile à Léo Goudeau-Montancey, lorsque, épuisé par la maladie, le pauvre musicien alla demander à l’Algérie un peu de lumière et de chaleur, avant de mourir. L’Auvergnat Guy Tomel, sous un aspect ironique, est le meilleur cœur que nous ayons connu, et il faut saisir l’occasion de le lui dire.

Je ne voudrais point avoir l’air de débiter un palmarès, aussi je me hâte : voici Eugène Lemouél, l’auteur de Feuilles au vent, puis Villain, le grand Villain adorné d’un rondeau d’André Gill :

RONDEAU

C’était vilain ? Non pas, mais c’était insolite,
Et, du fond du brouillard, ça venait carrément
Sur moi. Je me disais en me frottant l’orbite :
« Eh ! mais c’est l’obélisque indubitablement,
« Qui vient de découcher — farceur de monument ! —
« Et dès l’aube retourne au socle qu’il habite. »
Or, comme devant lui je m’effaçais très vite,
L’objet hors de la brume émergea brusquement…
C’était Villain !

Il avait découché, parbleu ! le sybarite ;
J’avais donc, sur un point, préjugé sagement,
Et je réclame ici tout l’honneur que mérite
Une observation précise ; seulement,
Ce n’était ni clocher, ni pic, ni monolithe…
C’était Villain !